La Tunisie en proie aux désordres, premiers doutes sur la date des élections

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TUNIS (AFP)

La Tunisie de l'après Ben Ali, en proie à des désordres croissants, s'enfonce dans l'incertitude alors que le chef du gouvernement provisoire a pour la première fois évoqué l'éventualité d'un report de l'élection de l'Assemblée constituante.

Dans un discours télévisé à la nation dimanche soir, le Premier ministre Béji Caïd Essebsi, dont le gouvernement est chargé de gérer le pays jusqu'à cette échéance a fait planer le doute sur le respect de la date prévue du 24 juillet, arguant de "lenteur" dans les travaux préparatoires.

"Le gouvernement s'est engagé en choisissant la date du 24 juillet et on tient à cette date, mais si le comité des réformes dit qu'il y a des empêchements techniques et logistiques, ce sera une autre probabilité à discuter", a-t-il déclaré.

"Il est vrai qu'il y a une lenteur dans l'étude de ce dossier, mais la Haute commission chargée de préparer ces élections cruciales (...) est autonome, et le gouvernement lui apporte seulement son soutien matériel et logistique" a-t-il ajouté.

Les partis politiques sont divisés sur le bien fondé de la date du 24 juillet, le Parti démocrate progressiste y restant attaché tandis que le Mouvement de l'Unité populaire plaide pour un report et l'organisation d'un référendum constitutionnel.

Quant au président du parti islamiste Ennahda (Renaissance) Rached Ghannouchi, il a souligné dimanche dans un entretien à l'AFP que la Tunisie vit une situation "dangereuse" et que les Tunisiens "doutent de la crédibilité du gouvernement".

Le gouvernement et la police "refusent de réaliser qu'il y a eu des changements et que c'est le droit des Tunisiens de manifester", a-t-il aussi déclaré alors que des manifestations anti-gouvernementales ont régulièrement lieu à Tunis depuis le 5 mai.

 Depuis trois jours des quartiers défavorisés de la capitale tunisienne sont par ailleurs la proie de violences et de pillages.

M. Essebsi, rompant avec le silence observé par les autorités sur ces incidents, a appelé dimanche à la fin des violences.

De nouvelles scènes de désordre ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi à Ettadhamen, une banlieue défavorisée de Tunis, selon un témoin, malgré le couvre-feu instauré samedi dans la capitale pour une durée indéterminée.

"Ca a recommencé cette nuit comme la nuit précédente", a raconté à l'AFP ce témoin, Abdelrazak Haouini, parlant de "jeu du chat et de la souris" entre forces de l'ordre et bande de jeunes "très alcoolisés" jusqu'à 5H du matin.

"Un des jeunes, qui était poursuivi par la police, est monté sur le toit d'une maison et il est tombé", a ajouté cet habitant, affirmant "avoir entendu que le jeune serait mort".Cette information n'a pas pu être confirmée dans l'immédiat.

"Ces jeunes qui sont très pauvres buvaient beaucoup de bière et je ne sais pas qui leur donne cet argent pour en acheter autant, je ne sais pas qui est derrière tout ça", a encore raconté le témoin.

Des violences ont également éclaté samedi lors d'un match de la Ligue des champions d'Afrique samedi près de Tunis, durant lequel des supporters tunisiens ont brûlé des strapontins du stade, jeté des bouteilles d'eau sur des policiers, frappé l'arbitre et des joueurs, provoquant la panique et la suspension du match.

Lundi, plusieurs dizaines de journalistes ont manifesté avenue Bourguiba, dans le centre de Tunis, pour dénoncer les brutalités policières dont quinze d'entre eux ont été victimes pendant la couverture de manifestations.

Ces violences inédites depuis la chute de Zine Abidine Ben Ali avaient fait craindre un retour des méthodes répressives utilisées par l'ancien régime à l'encontre des médias.

Le ministère de l'Intérieur avait présenté vendredi soir "ses excuses aux journalistes et aux citoyens agressés involontairement".

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