Des files d'attentes, atteignant des centaines de mètres de long, se sont formées jeudi devant plusieurs stations-service de Tunis, ont constaté des journalistes de l'AFP. "J'attends depuis 05H30 du matin pour faire le plein mais toujours rien. J'ai perdu une journée sans travailler ni faire le plein. Où va le pays?", a déclaré à l'AFP Balouch Ayad, un fonctionnaire. L'approvisionnement des stations se poursuit "de manière normale", ont affirmé les autorités, imputant les perturbations à une "ruée" des automobilistes qui remplissent inhabituellement leurs réservoirs, alors que d'ordinaire, ils se contentent d'une dizaine de litres d'essence. "Il est vrai qu'il y a des problèmes d'approvisionnement par bateau... mais le produit est disponible", a déclaré la ministre de l'Energie, Neila Nouira Gongi, évoquant des "difficultés financières" des sociétés publiques pour payer les importations de carburant. "Avant, les fournisseurs nous donnaient un mois ou deux pour régler nos factures, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Les fournisseurs ne déchargent pas leur cargaison tant que les précédentes n'ont pas été payées", a expliqué la ministre. "Le stock de carburant disponible sur le marché est suffisant pour les dix prochains jours. Une autre cargaison est attendue lundi" prochain, a assuré Salouen Smiri, secrétaire général de la Fédération générale du pétrole, après la livraison de plus de 27.000 tonnes en début de semaine. - "Plus rien" - Interrogé par l'AFP, le gérant d'une station-service s'est plaint d'une distribution au compte-gouttes. "Notre capacité (de stockage) est de 24.000 litres. Aujourd'hui, on m'a livré 6.000 litres seulement. Je vais tenir deux heures et ensuite je fermerai la station. Il n'y a plus de carburants, il n'y a plus rien". Depuis le week-end, les réseaux sociaux pullulent d'images de files d'attente dans divers quartiers de la capitale. Le manque d'essence concerne essentiellement l'agglomération de Tunis qui compte deux millions d'habitants, sur une population totale de 12 millions. La Tunisie, étranglée par une dette supérieure à 100% de son PIB et incapable d'emprunter sur les marchés internationaux, est en négociation avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt d'environ deux milliards de dollars. Cette crise financière s'est traduite ces derniers mois par des pénuries récurrentes de produits de base (farine, sucre, café..) dans un contexte d'inflation galopante (près de 9% en août sur un an). Les difficultés de la Tunisie, en dégringolade économique depuis 10 ans, ont été amplifiées par la crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine qui renchérit les importations de céréales et hydrocarbures dont elle est très dépendante. Le pays est également englué dans une grave crise politique depuis le coup de force du président Kais Saied qui s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.
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