Alors que l'humoriste et acteur Lotfi Abdelli, 52 ans, se produisait sur scène dimanche lors d'un festival à Sfax (centre-est), des policiers qui assuraient la sécurité, ont tenté d'arrêter le spectacle après une scène dans laquelle il critiquait les autorités et la police, en faisant plusieurs doigts d'honneur. M. Abdelli a alors pris à témoin le public pour dénoncer le comportement "hostile" de "trois policiers" qu'il a accusés d'avoir jeté des bouteilles d'eau dans sa direction. Il a pu terminer tout de même son spectacle. Pour justifier le comportement des agents, un syndicat de police a partagé mardi sur sa page Facebook "la scène du spectacle qui nous a irritée", se disant "désolé" de publier "de "telles futilités" et "bêtises". Deux policiers ont déposé une plainte contre M. Abdelli à Sfax pour "atteinte aux bonnes moeurs", a indiqué mardi à l'AFP un responsable au ministère de l'Intérieur. Ce responsable a tenu à préciser que les déclarations du syndicat "ne représentent en aucun cas la position officielle des autorités ou du ministère de l'Intérieur". La "position (du ministère) n'est délivrée que par ses structures officielles" et "son devoir est de veiller à ce que les citoyens exercent les libertés publiques et individuelles dans le cadre de ce qui est autorisé par la loi", a affirmé le ministère dans un communiqué. Sur les réseaux sociaux, de nombreux de Tunisiens ont critiqué l'attitude des policiers et rejeté toute influence sur le contenu des spectacles. Ils ont également exprimé leurs craintes d'un retour à la "répression" des libertés en Tunisie, alors que les spectacles satiriques comme celui de M. Abdelli n'étaient pas autorisés sous la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, renversé par une révolution en 2011. Le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a lui dénoncé des agressions contre des journalistes qui filmaient "l'attaque d'un policier syndicaliste contre Lotfi Abdelli". Depuis 2011, les policiers ont le droit de s'organiser en syndicats. Après le coup de force du président Kais Saied qui s'est arrogé les pleins pouvoirs il y a un an, des ONG et des représentants de la société civile ont mis en garde contre un possible recul des libertés dans le pays.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.