Ethiopie: un membre de l'ONG IRC tué à Shire, ville du Tigré bombardée

Infos. Un employé de l'ONG International Rescue Committee (IRC) et deux civils ont été tués par un bombardement à Shire, ville de la région éthiopienne dissidente en conflit du Tigré et cible des forces éthiopiennes et érythréennes depuis plusieurs jours.

Ethiopie: un membre de l'ONG IRC tué à Shire, ville du Tigré bombardée
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Addis Abeba (AFP)

L'employé est décédé après avoir été blessé, ainsi qu'un collègue, "lors d'une attaque à Shire" vendredi, indique l'IRC samedi dans un communiqué.Deux sources humanitaires ont précisé à l'AFP que les deux employés avaient été touchés lors d'un bombardement.

Avant de succomber, "notre collègue (...) a été blessé alors qu'il distribuait de l'aide humanitaire vitale à des femmes et des enfants", explique l'ONG. 

"Un autre membre d'IRC a été blessé dans l'attaque et deux civils ont été tués et trois blessés", selon l'organisation basée à New York et présente en Ethiopie depuis 1999.

Le coordinateur humanitaire de l'ONU Martin Griffiths s'est dit "plus qu'inquiet pour la sécurité des civils et du personnel humanitaire à Shire", où la "situation est de plus en plus tendue".

Active dans neuf des 11 régions d'Ethiopie, l'IRC indique aider les populations touchées par des catastrophes en fournissant eau potable, assainissement, soins médicaux, protections féminines et éducation.

Située dans le nord du Tigré, à une cinquantaine de kilomètres de l'Erythrée, Shire comptait environ 100.000 habitants en 2021, selon les statistiques officielles.

- Bombardés "sans interruption" -

Des sources concordantes ont indiqué que la ville était depuis plusieurs jours bombardée par les armées éthiopienne et érythréenne, qui mènent une offensive conjointe au Tigré.

"Shire a été visée sans interruption toute la semaine par des tirs d'artillerie et des frappes aériennes qui ont causé des dégâts humains et matériels", avait déclaré vendredi à l'AFP une source humanitaire jointe sur place, qui a requis l'anonymat.

Cette source a indiqué samedi que "Shire était calme aujourd'hui, sans bombardement ou frappes aériennes signalés"."Des habitants ont fui en masse depuis hier après-midi et jusqu'à ce (samedi) matin, mais cela s'est ralenti dans l'après-midi", a ajouté la source.

Les combats ont repris le 24 août dans le nord de l'Ethiopie, après cinq mois de trêve et de timides espoirs de pourparlers auxquels s'étaient dits disposés gouvernement fédéral éthiopien et autorités rebelles du Tigré, en conflit armé depuis novembre 2020.

La région est actuellement prise en tenaille, au nord et à l'ouest par l'armée de l'Erythrée, pays qui borde la frontière nord du Tigré et épaule les forces fédérales éthiopiennes, et au sud et à l'est par les troupes éthiopiennes, aidées des forces des régions de l'Amhara et de l'Afar voisines.

Washington et Bruxelles ont dénoncé l'intensification de l'offensive des troupes éthiopiennes et érythréennes.

Les Etats-Unis sont "profondément préoccupés" par l'intensification du "conflit dans le nord de l'Ethiopie, particulièrement autour de Shire", a indiqué vendredi soir le secrétaire d'Etat Antony Blinken.

- Pourparlers avortés -

M. Blinken a appelé les "armées éthiopienne et érythréenne à cesser immédiatement leur offensive conjointe et l'Erythrée à retirer ses forces du nord de l'Ethiopie", tout en demandant aux forces tigréennes de "cesser les actes de provocation".

De son côté, le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell s'est dit sur Twitter "horrifié par les informations sur la violence incessante, dont la prise pour cible de civils, à Shire".

Le gouvernement fédéral du Premier ministre Abiy Ahmed et les autorités rebelles du Tigré s'étaient dit, début octobre, prêts à participer à des pourparlers en Afrique du Sud auxquels les avaient conviés l'Union africaine (UA).

Sapées par des problèmes d'organisation, les discussions ont finalement avorté et les combats continuent.

L'émissaire américain pour la Corne de l'Afrique, Mike Hammer, de retour dans la région depuis le 3 octobre, est arrivé vendredi en Ethiopie, dans le cadre des efforts pour faire cesser le conflit et lancer des discussions sous l'égide de l'UA.

M. Hammer a récemment accusé l'Erythrée d'"attiser le conflit" au Tigré.Le Parlement européen a également dénoncé début octobre le "rôle très destructeur de l'Erythrée dans le conflit" dont "elle a contribué à l'escalade".

Dans un communiqué, l'ambassade d'Erythrée aux Etats-Unis a dénoncé samedi les tentatives "désespérées" des Etats-Unis et de l'UE de "minimiser et étouffer les crimes" des autorités rebelles du Tigré, responsables selon Asmara du déclenchement du conflit.

Ces "manigances incluent invariablement des accusations injustifiées contre l'Erythrée, désigné comme bouc émissaire", poursuit l'ambassade de ce pays ultramilitarisé, parmi les plus fermés et les plus autoritaires du monde.

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