Ces deux favoris, sur les quatre candidats en lice, ont assuré qu'ils reconnaîtraient les résultats.Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays d'Afrique de l'Est considéré comme un point d'ancrage démocratique dans la région.
A moins qu'un des candidats ne recueille plus de 50% des voix et soit directement élu, les deux candidats qui arriveront en tête s'affronteront lors d'un second tour dans les 30 jours suivants.
La pression s'accroît donc sur la Commission électorale indépendante (ICBC), qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août.
Ses agents ont travaillé d'arrache-pied toute la nuit, sous l'œil de milliers d'observateurs, pour poursuivre le dépouillement et dissiper les craintes de truquage.
A 06H00 (03H00 GMT), plus de 90% des formulaires de résultats à la présidentielle avaient été reçus et les deux poids-lourds semblaient au coude à coude.
Le processus pourrait cependant être long avant les résultats définitifs, et l'IEBC a prévenu dès mardi soir que les Kényans devraient s'armer de patience.
"Nous nous efforçons de terminer" le dépouillement et la vérification des résultats "dès que possible", a déclaré le président de l'IEBC, Wafula Chebukati.
L'IEBC, d'autant plus sous pression qu'elle a déjà été incriminée pour des irrégularités lors du scrutin de 2017, devra aussi s'expliquer sur les défaillances technologiques et autres incidents survenus depuis lundi et qui ont notamment entraîné l'annulation de six scrutins locaux.
- "Aucun changement" -
Les Kényans se sont rendus aux urnes pour choisir le successeur d'Uhuru Kenyatta -- membre de l'influente communauté kikuyu au pouvoir depuis 2013, mais aussi leurs parlementaires, gouverneurs et élus locaux.
La journée du vote a été "relativement calme et pacifique", selon la police.
Malgré les longues queues qui s'étiraient dans la matinée, souvent avant l'aube, la participation semblait dans certaines régions à la baisse. Sur les 22,1 millions d'électeurs, un peu plus de la moitié avaient voté à 16H00 (13H00 GMT).
Deux favoris se sont dégagés dans la course à la présidentielle.
Le premier, Raila Odinga, 77 ans et membre de l'ethnie luo, est le leader de l'opposition soutenu depuis 2018 par le parti de Kenyatta, lors d'un rapprochement surprenant mais typique de la très versatile politique kényane.
Le second, William Ruto, homme d'affaire sulfureux de 55 ans, un Kalenjin qui se présente en opposition aux "dynasties" incarnées par MM.Kenyatta et Odinga, héritiers de deux familles au coeur de la politique kényane depuis l'indépendance en 1963.
Leur promesses de campagne, axée sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu des Kényans qui, pour environ un tiers d'entre eux, vivent dans la pauvreté.
"Nous avons des élections, nous obtenons des promesses mais nous ne voyons aucun changement", déplorait George Otieno Henry, un artisan de 56 ans."J'espère que cette fois, ce sera mieux", plaidait-il depuis Kibera, un immense bidonville de Nairobi.
En 2017, la participation frôlait les 80%. Mais la présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC.
Depuis, les alliances politiques ont changé.Mais la corruption est restée endémique et les effets de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de la sécheresse en cours sont venus accentuer des inégalités déjà criantes et dominer la campagne.Cette flambée du coût de la vie pourrait aussi avoir supplanté le traditionnel vote tribal dans l'isoloir, selon des analystes.
Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les moins de 34 ans, qui représentent les trois quarts de la population mais sont particulièrement touchés par le chômage.
Or, beaucoup parmi eux se détournent d'un jeu politique qu'ils jugent vicié par la corruption.Ils étaient 5% de moins qu'en 2017 à s'être inscrits sur les listes électorales, selon l'IEBC.
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