Outre l'UA, l'ONU, les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) ont fait part de leur inquiétude face à une récente intensification des combats au Tigré, une semaine après l'annonce de pourparlers de paix en Afrique du Sud dont les débuts ont finalement été reportés.
"Le gouvernement est contraint de prendre des mesures défensives pour protéger la souveraineté et l'intégrité territoriale du pays" face "aux attaques répétées" des autorités rebelles du Tigré, en "collusion active" avec des "puissances étrangères hostiles", indiquent les autorités fédérales dans un communiqué, sans répondre directement à l'appel de l'UA au cessez-le-feu.
"Il est donc impératif que le gouvernement d'Ethiopie prenne le contrôle immédiat de tous les aéroports, autres infrastructures fédérales et installations" au Tigré, poursuivent-elles, assurant également que, "tout en poursuivant ces objectifs", elles sont "déterminées à une résolution pacifique du conflit via les pourparlers de paix sous l'égide de l'UA".
Selon le gouvernement fédéral du Premier ministre Abiy Ahmed, "un règlement global et négocié apportant une paix durable est nécessaire".
"C'est une indication claire que le gouvernement et son allié feront tout pour mener à bien leur intention génocidaire contre le peuple du Tigré", a réagi à l'AFP Getachew Reda, porte-parole des autorités rebelles du Tigré.
Le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, avait appelé dimanche à "un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel", se disant "gravement inquiet des informations sur l'intensification des combats" au Tigré.
Les rebelles tigréens avaient rapidement dit dimanche être "prêts à respecter une cessation immédiate des hostilités".
Le conflit, déclenché en novembre 2020, se déroule quasiment à huis clos, le nord de l'Ethiopie étant largement interdit aux journalistes.
Mais selon des sources concordantes, le Tigré est actuellement pris en tenaille entre une offensive conjointe des armées éthiopiennes et érythréennes depuis l'Erythrée, au nord, et les troupes éthiopiennes aidées des forces des régions de l'Amhara et de l'Afar voisines au sud.
- "Attaques aveugles" -
L'ONU, les Etats-Unis et l'UE se sont notamment alarmés ce week-end de la situation à Shire, ville du Tigré qui comptait environ 100.000 habitants avant la guerre.Située à environ 40 km au sud de la frontière avec l'Érythrée, elle a été la cible d'intenses bombardements ces derniers jours, selon des sources humanitaires sur place.
Deux civils et un membre de l'ONG International Rescue Committee (IRC) y ont péri à la suite d'un bombardement survenu vendredi.
Dans son communiqué, le gouvernement éthiopien dit "regretter profondément toutes les atteintes ayant pu être infligées aux civils, dont le personnel humanitaire" et promet "une enquête sur de tels incidents", sans faire explicitement référence à la mort du membre de l'IRC.
Il affirme que les forces éthiopiennes "se conforment strictement" au droit humanitaire international et "s'efforcent d'éviter les combats en zone urbaine pour éviter les pertes civiles", évoquant "des instructions strictes données pour renforcer cet engagement".
Parallèlement, Addis Abeba appelle civils et acteurs humanitaires "à s'éloigner des installations militaires" des rebelles tigréens, qui ont selon lui pour "habitude établie d'utiliser les civils comme boucliers humains et les installations civiles à des fins militaires".
Après cinq mois de trêve ayant laissé entrevoir des espoirs de négociations, les combats ont repris depuis le 24 août dans le nord de l'Ethiopie entre l'armée fédérale - épaulée par des forces des régions frontalières du Tigré et par l'armée de l'Erythrée - et les rebelles de la région dissidente.
Le bilan des victimes de la guerre est inconnu.Mais celle-ci a provoqué une catastrophe humanitaire, déplaçant plus de deux millions de personnes et plongeant plusieurs centaines de milliers d'Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.
Dénonçant les "attaques aveugles" des troupes éthiopiennes et érythréennes à Shire, la responsable de l'Agence américaine pour l'aide humanitaire (USAID), Samantha Power, a souligné "le coût humain sidérant de ce conflit".
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