"Les hostilités au Tigré doivent cesser maintenant", a insisté Antonio Guterres devant la presse à New York.
"La situation en Ethiopie devient incontrôlable.La violence et la destruction atteignent des niveaux alarmants", a déclaré le chef des Nations unies, soulignant le "prix terrible payé par les civils" et le "cauchemar" vécu par la population éthiopienne.
M. Guterres a réclamé "le retrait immédiat et le désengagement d'Ethiopie des forces armées érythréennes" qui épaulent les troupes fédérales éthiopiennes au Tigré et demandé à "toutes les parties" de permettre le passage de l'aide humanitaire, dont l'ONU a suspendu l'acheminement depuis la reprise des combats fin août.
UA, ONU, Etats-Unis et Union européenne (UE), notamment, ont tiré ces derniers jours la sonnette d'alarme face à une récente intensification des combats au Tigré, une semaine après l'annonce de pourparlers de paix, finalement avortés, en Afrique du Sud.
Le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, avait appelé dimanche à "un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel", se disant "gravement inquiet des informations sur l'intensification des combats" au Tigré.
- "Mesures défensives" -
Les rebelles tigréens avaient répondu dimanche soir être "prêts à respecter une cessation immédiate des hostilités".Sans répondre directement à l'appel de l'UA au cessez-le-feu, le gouvernement fédéral éthiopien du Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, a lui justifié lundi sa volonté de poursuivre ses opérations militaires au Tigré.
Dans un communiqué, il s'est dit "contraint de prendre des mesures défensives pour protéger la souveraineté et l'intégrité territoriale du pays" face "aux attaques répétées" des autorités rebelles du Tigré, en "collusion active" avec des "puissances étrangères hostiles".
"Il est donc impératif que le gouvernement d'Ethiopie prenne le contrôle immédiat de tous les aéroports, autres infrastructures fédérales et installations" au Tigré, expliquent les autorités éthiopiennes.
Mais "tout en poursuivant ces objectifs, le gouvernement est déterminé à une résolution pacifique du conflit via les pourparlers de paix sous l'égide de l'UA", assurent-elles, estimant qu'un "un règlement global et négocié apportant une paix durable est nécessaire".
Cette volonté de poursuivre ses opérations au Tigré "est une indication claire que le gouvernement et son allié (érythréen) feront tout pour mener à bien leur intention génocidaire contre le peuple du Tigré", a réagi auprès de l'AFP Getachew Reda, porte-parole des autorités rebelles du Tigré.
Le conflit, qui oppose depuis novembre 2020, le gouvernement fédéral éthiopienne aux autorités rebelles du Tigré, se déroule quasiment à huis clos, le nord de l'Ethiopie étant largement interdit aux journalistes.
Mais selon des sources concordantes, le Tigré est actuellement pris en tenaille entre, au nord, une offensive conjointe des armées éthiopiennes et érythréennes depuis l'Erythrée, et au sud les troupes éthiopiennes aidées des forces des régions de l'Amhara et de l'Afar voisines.
- "Attaques aveugles" -
ONU, Etats-Unis et UE se sont notamment alarmés ce week-end de la situation à Shire, ville du Tigré qui comptait environ 100.000 habitants avant la guerre.Située à environ 40 km au sud de la frontière avec l'Érythrée, elle a été la cible d'intenses bombardements ces derniers jours, selon des sources humanitaires sur place.
Deux civils et un employé de l'ONG International Rescue Committee (IRC) y ont péri dans un bombardement vendredi.
Dans son communiqué, le gouvernement éthiopien dit "regretter profondément toutes les atteintes ayant pu être infligées aux civils, dont le personnel humanitaire", sans faire explicitement référence à la mort du membre de l'IRC.
Il assure que les forces éthiopiennes "se conforment strictement" au droit humanitaire international et "s'efforcent d'éviter les combats en zone urbaine pour éviter les pertes civiles", évoquant "des instructions strictes données pour renforcer cet engagement".
Parallèlement, Addis Abeba appelle civils et acteurs humanitaires "à s'éloigner des installations militaires", accusant les rebelles tigréens "d'utiliser les civils comme boucliers humains et les installations civiles à des fins militaires".
Après cinq mois de trêve ayant laissé entrevoir des espoirs de négociations, les combats ont repris depuis le 24 août dans le nord de l'Ethiopie.
Le bilan des victimes de cette guerre est inconnu.Mais celle-ci a provoqué une catastrophe humanitaire, déplaçant plus de deux millions de personnes et plongeant plusieurs centaines de milliers d'Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.
Dimanche, la responsable de l'Agence américaine pour l'aide humanitaire (USAID), Samantha Power, a souligné "le coût humain sidérant de ce conflit".
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