"Notre approche ici reflète les préoccupations de l'administration concernant les droits de l'homme et droits fondamentaux en Egypte, tout en cherchant à préserver l'engagement et le dialogue que nous nous sommes efforcés d'avoir depuis 20 mois afin d'obtenir des progrès supplémentaires" dans ce domaine, a déclaré à des journalistes un haut responsable du département d'Etat américain sous couvert de l'anonymat. L'exercice est délicat pour Washington, car l'Egypte est un allié stratégique des Etats-Unis et suscite chaque année des remous au Congrès et auprès d'organisations non gouvernementales, fustigeant l'aide américaine à un pays accusé d'abus des droits de l'homme et de détenir des milliers de prisonniers politiques. La loi américaine oblige chaque année le département d'Etat à certifier ou non les progrès de l'Egypte en la matière et conditionne 300 millions de dollars de son aide aux progrès effectués dans ce domaine. Cette année, le secrétaire d'Etat Antony Blinken a décidé de refuser à l'Egypte 130 millions de dollars sur les 300 millions, qui seront ainsi "reprogrammés", ont précisé ces responsables. L'aide militaire américaine directe à l'Egypte, qui n'inclut pas les ventes d'armes, se chiffre à quelque 1,17 milliard de dollars sur l'année fiscale 2021. L'Egypte, qui accueille en novembre le sommet COP27 sur le climat, est ainsi l'un des principaux pays bénéficiaires de l'aide militaire américaine depuis que le pays a été la première nation arabe à renouer avec Israël en 1979. Washington considère cependant que l'Egypte a fait des "progrès clairs" en matière judiciaire, même si l'administration Biden déplore des progrès trop limités concernant les droits de l'homme. Certaines ONG estiment qu'il existe quelque 60.000 prisonniers politiques en Egypte. Le président américain Joe Biden affirme faire des droits humains et de la promotion de la démocratie une priorité de sa politique étrangère, en rupture avec son prédécesseur Donald Trump. Mais ce principe se heurte comme souvent aux intérêts des Etats-Unis lorsqu'il s'agit d'alliés considérés cruciaux, comme l'Egypte au Moyen-Orient. "Si vous êtes un allié des Etats-Unis, vous n'enfermez pas des prisonniers politiques", a fustigé le sénateur démocrate Chris Murphy, qui avait appelé l'administration Biden à bloquer la totalité des 300 millions de dollars.
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