Après plusieurs jours de bombardements qui ont fait plusieurs victimes civiles, dont un membre d'une ONG humanitaire, les forces éthiopiennes et érythréennes ont pris lundi la ville-clé de Shire, peuplée d'environ 100.000 habitants avant le début du conflit en novembre 2020 et abritant de nombreux Tigréens déplacés par la guerre. Les autorités ont également affirmé avoir pris le contrôle d'Alamata et de Korem, dans le sud du Tigré. "La souffrance des civils en Ethiopie doit cesser d'être tolérée par opportunisme politique", a estimé HRW dans un communiqué, appelant Etats-Unis, Union européenne (UE) et ONU à prendre les mesures "appropriées, dont des sanctions ciblées et un embargo sur les armes". Leurs déclarations, comme celles de l'Union africaine, "ont peu découragé les exactions, et les belligérants n'ont subi que peu de conséquences", selon l'ONG de défense des droits humains. Mardi, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a fait état "de mouvements massifs de population autour de Shire", ce qui "aggrave une situation humanitaire déjà dramatique" et "fait peser un risque supplémentaire de violences sur les civils". Selon lui, quelque 2,5 millions de personnes ont été déplacées au Tigré et dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar, où le conflit a débordé. "La situation en Ethiopie devient incontrôlable", avait estimé M. Guterres lui-même la veille. Cet "aveu" du chef de l'ONU "impose plus encore au Conseil de sécurité de s'occuper de la situation", a souligné HRW. "Les informations sortant au compte-gouttes d'une région largement coupée du monde depuis plus d'un an sont terrifiantes. Les attaques ont fait un nombre incalculable de victimes civiles, dont des membres du personnel humanitaire" et provoqué "des déplacements à grande échelle", a rappelé l'ONG. HRW rappelle les atrocités précédemment perpétrées par les forces éthiopiennes et érythréennes au Tigré, qui "accroissent l'inquiétude de nouvelles tueries et autres exactions (...) envers les civils à Shire et ailleurs". Elle pointe aussi les meurtres et pillages commis par les forces tigréennes dans la région voisine de l'Amhara fin août. L'ONG a également dénoncé "le siège en vigueur" du Tigré par le gouvernement, qui a poussé des centaine de milliers d'habitants "au bord de la famine". Après cinq mois de trêve ayant laissé entrevoir des espoirs de négociations entre le gouvernement fédéral éthiopien et les autorités rebelles du Tigré, les combats ont repris depuis le 24 août dans le nord de l'Ethiopie. Le bilan des victimes - civils et combattants - de cette guerre d'ampleur est inconnu. Les journalistes n'ont pas accès au nord de l'Éthiopie et les réseaux de télécommunications y fonctionnent de manière très aléatoire, rendant impossible toute vérification indépendante.
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