Wafula Chebukati a annoncé que le vice-président sortant Ruto avait cumulé plus de 7,17 millions de votes, soit 50,49% des voix, contre 6,94 millions, soit 48.85%, pour M. Odinga, remportant l'une des élections les plus serrées de l'histoire du pays. William Samoei Ruto devient le cinquième président du Kenya, succédant à Uhuru Kenyatta qui, après deux mandats depuis 2013, n'avait pas le droit d'en briguer un troisième. Il a devancé de 233,211 voix M. Odinga au terme d'une campagne et d'un scrutin globalement paisibles suivis d'une interminable attente de six jours qui a mis à rude épreuve la patience des Kényans. M. Ruto devient le premier membre de l'ethnie Kalenjin a être élu président depuis vingt ans, succédant à deux présidents de la communauté kikuyu. A 55 ans, l'ambitieux Ruto a âprement fait campagne ces dernières années à mesure qu'il était mis sur la touche par une alliance inattendue entre Kenyatta et Odinga, travaillant à polir sa réputation sulfureuse. Cet enfant d'une famille modeste de la vallée du Rift devenu l'une des premières fortunes du pays aime à rappeler son histoire de "self made man" parti de rien et s'est proclamé porte-parole des "débrouillards" du petit peuple face au pouvoir des dynasties politiques incarnées par Kenyatta et Odinga. A la mi-journée, le centre national de comptage de la Commission électorale, sur lequel les yeux de tout le pays sont rivés, s'était rempli de représentants des partis, observateurs et diplomates, qui ont attendu l'annonce pendant plusieurs heures, divertis par des chorales, sous forte surveillance policière. Quelques minutes avant cette annonce, quatre des sept commissaires de l'IEBC ont tenu une conférence de presse dans un hôtel de la capitale pour annoncer qu'ils rejetaient ces résultats. "A cause du caractère opaque du processus (...) nous ne pouvons pas assumer la responsabilité des résultats qui vont être annoncés", a déclaré la vice-présidente de l'IEBC Juliana Cherera entourée de trois autres commissaires. Elle a appelé les Kényans au "calme". L'élection de 2022 s'est déroulée de manière pacifique mais a été marquée par une participation en forte baisse: environ 65% des 22,1 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes mardi, contre 78% lors du dernier scrutin de 2017.
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