Cette fois, il est bel et bien rentré au pays. Le chef de l'opposition ougandaise, Kizza Besigye, a atterri ce matin à l'aéroport international d'Entebbe, près de Kampala. Hier, à Nairobi, il s'était vu refuser l'accès à l'avion par des responsables de la compagnie aérienne Kenya Airways, qui ont invoqué une interdiction venue du gouvernement ougandais, ce que Kampala a démenti.Hasard du calendrier, ce retour au pays coïncide avec la prestation de serment du président Yoweri Museveni. Le chef de l'Etat a été réélu pour la quatrième fois en février dernier, après vingt-cinq ans passés à la tête du pays. Une élection dont Kizza Besigiye conteste la validité.Les deux hommes se connaissent bien. Besigiye a été le médecin personnel de Museveni, au début des années 1980. Il était membre de l'Armée nationale de résistance, qui a amené l'actuel chef d'Etat au pouvoir, en 1986. En remerciement, il a d'ailleurs été promu ministre des Affaires intérieures par son ancien patient. Après avoir occupé plusieurs postes importants au sein du gouvernement, il s'est mis à partir de 2001 à critiquer le régime, allant jusqu'à le traiter de « dictature »... et est devenu le principal opposant du chef de l'Etat, se présentant contre lui lors de trois scrutins présidentiels.En février, Kizza Besigiye n'a remporté que 26 % des suffrages face au président sortant. Mais cette troisième défaite consécutive ne l'a pas découragé. Ayant fini par se plier à la décision de la Commission électorale qui a validé la victoire du président sortant, le chef du Forum pour le changement démocratique (FDC) a fondé un mouvement de protestation contre la vie chère, « Walk to Work », destiné à fédérer le mécontentement populaire face à la hausse des prix alimentaires. Accusé d'incitation à la violence et de participation à un rassemblement illégal, il a été brutalisé par la police lors de son arrestation fin avril, alors qu'il s'apprêtait à participer à une énième manifestation. Blessé à la cage thoracique et aux yeux, il a dû aller se faire soigner au Kenya.Son arrestation mouvementée a provoqué des violences dans la capitale ougandaise. Au moins deux morts par balles, plus de 120 blessés et près de 360 arrestations ont été dénombrés.Hier, les forces de l'ordre ont aspergé les manifestants de peinture rose ; un moyen de repérer les "dissidents" même une fois que ceux-ci ont fui la zone de manifestation, et aussi de les ridiculiser... Le président Museveni, lui, rejette les accusations de mauvaise gouvernance dont il est l'objet de la part de l'opposition. Il met la hausse du coût de la vie sur le compte de la sécheresse.Clémence Mortier
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