Droit au séjour des étrangers malades : 28 000 condamnés à mort, selon les associations

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C'en est fini de la loi qui permettait aux étrangers gravement malades de séjourner en France pour y suivre des soins ou des traitements leur permettant de rester en vie. Les députés et les sénateurs, réunis le 4 mai en commission mixte paritaire, ont adopté définitivement l'article 17 ter du projet de loi «Immigration, intégration et nationalité» réformant les conditions d'attribution d'un titre de séjour pour raisons médicales, dont pouvaient jusqu'alors bénéficier les étrangers vivant habituellement en France très gravement malades.Désormais, il sera possible d'expulser tout étranger malade si les soins et les traitements sont « absents » dans son pays d'origine. Jusqu'ici, il fallait prouver que les traitements ou les soins étaient effectivement disponibles pour la personne avant de pouvoir l'expulser. L'opposition de gauche avait pourtant fait valoir que si les traitements ne sont pas "absents", ils n'en sont pas moins, souvent, inaccessibles à de nombreux malades, notamment pour des raisons financières ou géographiques.Quelques questions à Jean-Marie Le Gall, responsable de la mission "Innovation, recherche et évaluation" pour l'association de lutte contre le sida AIDES.Quelles sont les conséquences de cette réforme pour les étrangers malades ?La première conséquence, c'est que les gens qui ont une carte de séjour pour raisons médicales se retrouvent dans une anxiété terrible, parce qu'elles ne savent absolument pas à quelle sauce elles seront mangées quand le texte sera appliqué. En ce qui concerne les personnes malades qui n'ont pas de papiers, elles n'iront pas se faire soigner car elles auront peur d'être repérées et expulsées. Evidemment, il y aura des dégâts importants sur le plan sanitaire. Finalement, avec cette réforme, se faire soigner devient dangereux !D'après vous, est-ce que l'objectif de cette réforme est de faire un clin d'oeil aux électeurs du Front National ?Je ne suis pas dans la tête de Nicolas Sarkozy, mais ce qui est sûr, c'est que cette réforme traduit une espèce d'esprit xénophobe, qui consiste à dire que toutes les difficultés actuelles en France sont de la faute des étrangers. Et en l'occurrence, c'est vraiment ridicule ! Seules 28 000 personnes bénéficient aujourd'hui d'une carte de séjour pour raisons médicales, c'est très peu. Et il est totalement faux de dire que les étrangers viennent en France se faire soigner ; l'immense majorité de ces 28 000 personnes ont découvert leur maladie une fois en France.C'est une condamnation à mort que de renvoyer des étrangers malades dans leur pays d'origine ?Absolument, le terme n'est pas exagéré. Nous avons déjà de nombreux exemples de personnes qui ont été expulsées et qui sont décédées faute de soins dans leur pays. Le 8 mars dernier, un homme de 47 ans, Kanouté Tiéni, est mort des suites d'une hépatite B chronique dans son village au Mali, trois ans après avoir été expulsé de France. Son traitement « existe » au Mali, mais il n'est accessible que de façon intermittente, et pas dans le service public...L'association AIDES est décidée à appeler à la désobéissance civile si cette réforme était maintenue en l'état et appliquée ?Oui, tout à fait. Nous nous préparons à organiser de la résistance. Concrètement, l'idée c'est de monter une sorte de réseau « Santé Sans Frontières », un peu sur le modèle du réseau « Education Sans Frontières », qui défend les enfants de sans-papiers qui sont scolarisés et menacés d'expulsion. Ce réseau s'occupera d'héberger les gens malades et les soignera, le temps que la société française réalise l'énormité de ce qui se passe.Propos recueillis par Clémence Mortier

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