"L'état d'urgence est décrété dans l'ensemble de l'Etat du Nil Bleu, pour trente jours", indique le décret du gouverneur Ahmed al-Omda Badi consulté par l'AFP. Le texte appelle les commandants locaux de la police, de l'armée et des services de renseignement ainsi que des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) "à intervenir par tous les moyens possibles pour faire cesser les combats entre tribus". Mercredi et jeudi, "150 personnes dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont été tuées et 86 blessées", selon Abbas Moussa, le directeur de l'hôpital de Wad al-Mahi, à quelque 500 kilomètres de Khartoum, où ont eu lieu les violences. Dès lundi, les autorités avaient imposé un couvre-feu nocturne après la mort de 13 personnes, selon l'ONU, dans des heurts entre des membres de la tribu des Haoussas et des clans rivaux. Mais les affrontements ont repris malgré le déploiement sécuritaire. Jeudi, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Damazine, chef-lieu du Nil Bleu, pour protester contre les violences. D'autres ont réclamé le départ du gouverneur Badi, incapable selon eux de les protéger des affrontements. De juillet à début octobre, au moins 149 personnes ont été tuées et 65.000 déplacées au Nil Bleu, selon l'ONU. Au début de ces violences, les Haoussas s'étaient mobilisés à travers le Soudan, se disant discriminés par la loi tribale qui leur interdit, parce qu'ils sont arrivés les derniers dans le Nil Bleu, de posséder la terre. La question de l'accès à la terre est très sensible au Soudan, un des pays les plus pauvres au monde, où agriculture et élevage représentent 43% des emplois et 30% du PIB. Depuis le putsch le 25 octobre 2021 du général Abdel Fattah al-Burhane, les conflits tribaux sont en hausse du fait, disent les experts, du vide sécuritaire créé par le coup d'Etat. La semaine dernière, 19 personnes ont été tuées et 34 blessées dans des heurts tribaux au Kordofan-Ouest(sud), selon l'ONU. Depuis janvier, près de 550 personnes ont été tuées et plus de 210.000 déplacées par des conflits tribaux au Soudan, selon l'ONU.
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