Le chef de l'opposition ougandaise Kizza Besigye a fait un retour triomphal dans son pays jeudi, reléguant au second plan la cérémonie d'investiture organisée le jour-même en grande pompe par son rival, le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986.
Arrivé jeudi matin à l'aéroport international d'Entebbe en provenance de Nairobi, après en avoir été empêché la veille, M. Besigye, 55 ans, a été accueilli par plusieurs dizaines de milliers de supporters en liesse massés sur les quelque 35 km séparant Entebbe de la capitale Kampala.
"Il a très bon moral et est heureux d'être de retour à la maison", s'est félicité Alice Alaso, secrétaire générale de la coalition d'opposition dirigée par M. Besigye, le Forum pour le changement démocratique (FDC).
M. Besigye se trouvait depuis deux semaines au Kenya pour des soins médicaux après avoir été blessé fin avril lors de sa quatrième arrestation en moins d'un mois à Kampala.
Battu en février pour la troisième élection présidentielle consécutive par M. Museveni, M. Besigye a pris la tête début avril d'un mouvement de contestation contre la hausse du coût de la vie, notamment des denrées alimentaires de base et du carburant.
Escorté par la police, M. Besigye a quitté l'aéroport en milieu de matinée et emprunté cette route, s'arrêtant à plusieurs reprises pour saluer ses sympathisants chantant et agitant des feuillages, symbole de paix.
Les forces de sécurité, déployées en masse sur cet axe routier, ont à plusieurs reprises tiré des grenades lacrymogènes pour disperser ses partisans ou frappé à coups de bâtons ceux d'entre eux qui bloquaient la progression du convoi.
"Je suis heureux de voir que la population est devenue plus déterminée et tient tête à la brutalité (policière).Cela représente un grand changement", a déclaré M. Besigye à l'AFP.
Les manifestations étant interdites par le pouvoir, M. Besigye a appelé depuis la mi-avril les Ougandais, avec d'autres responsables de l'opposition, à se rendre au travail à pied et à manifester ainsi leur mécontentement.
Le régime de M. Museveni, qui a qualifié jeudi de "problème temporaire" la hausse des prix, a jusqu'à présent opté pour la répression, dispersant les protestataires et arrêtant les leaders de l'opposition.
Au total, neuf personnes --manifestants ou badauds-- ont été tuées par les forces de sécurité depuis le début de ce mouvement, selon l'ONG Human Rights Watch.
M. Besigye rejette les résultats de l'élection de février, remportée par M. Museveni avec 68% des suffrages, dénonçant des fraudes et l'achat massif de voix financé selon lui sur les deniers publics.
Le retour du leader de l'opposition en Ouganda a quelque peu éclipsé la cérémonie d'investiture de M. Museveni, sur un aérodrome militaire jouxtant la présidence dans le centre de Kampala, devant un important parterre de chefs d'Etat africains.
Après avoir prêté serment, M. Museveni a détaillé son programme pour les cinq années à venir, promettant que "d'ici trois ans, nous commencerons à utiliser notre propre carburant", en référence à l'exploitation prévue d'importantes réserves pétrolières découvertes dans la région du lac Albert (nord-ouest).
Fidèle à son style autoritaire, il a ajouté, en une référence à peine voilée au mouvement de contestation: "les tentatives de déstabilisation seront vaincues, comme ont été vaincues les précédentes tentatives du même genre".
"J'appelle nos adversaires à venir nous rejoindre.S'ils ne le veulent pas, ils sont libres de rester là où ils sont, mais nous continuerons à travailler pour eux" comme pour les autres Ougandais, a-t-il nuancé.
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