Le président de la Haute instance chargée de préparer les élections en Tunisie, Yadh Ben Achour, estime que la tâche reste "immense" avant la tenue des scrutins et n'exclut pas un report de la date fixée au 24 juillet, dans un entretien à l'AFP, jeudi à Paris.
"Nous avons tout fait dans l'instance que je préside, et je peux dire la même chose du gouvernement, pour que les élections se tiennent à cette date.Nous faisons tout pour nous y tenir", assure ce juriste reconnu en Tunisie comme une personnalité indépendante.
Mais, souligne-t-il immédiatement, "la tâche est immense": il faut encore dresser les listes électorales (7 millions d'électeurs estimés contre 4 millions lors du scrutin de 2009), former quelque 21.000 agents électoraux qui devront être répartis dans 7.000 bureaux de vote, organiser le vote des Tunisiens de l'étranger...
Et la commission électorale, qui vient à peine d'être élue, "n'a pas encore commencé à travailler" et doit commencer par désigner lundi son président.
"Si l'instance (commission) électorale juge, sur le plan logistique, que malgré les retards, l'élection peut se tenir en juillet 2011, le rendez-vous sera tenu", dit-il.
"Si l'instance électorale estime que la crédibilité des élections exige un report de cette date, la date sera reportée.Ce sera pour des raisons d'intendance et pas pour des raisons politiques", poursuit-il, insistant sur le fait que "le plus important" est d'organiser un "scrutin crédible".
Les Tunisiens sont appelés à élire une Assemblée constituante, qui aura la tâche d'adopter une nouvelle constitution et de préparer des élections.
Ces derniers jours, l'hypothèse d'un report du scrutin fixé au 24 juillet s'est précisée, notamment après une intervention télévisée du Premier ministre Béji Caïd Essebsi, qui a évoqué la "lenteur" des travaux préparatoires.
"L'installation définitive du processus démocratique, on en est loin.Pour l'instant, nous sommes, comme on dit en arabe, en train de rassembler nos os (...), donc de nous remettre sur pied, mais cela demande du temps", explique le juriste.
Après un mois de manifestations, les Tunisiens ont chassé le président Zine El Abidine Ben Ali, le 14 janvier.Un départ qui a mis un terme à 23 ans d'un règne sans partage et lancé le "printemps arabe".
Mais l'euphorie des premiers jours retombée, le gouvernement de transition tunisien peine à relancer la machine économique et à restaurer la sécurité, ce qui alimente un climat de défiance qui entretient lui-même l'instabilité.
Un couvre-feu nocturne a même été rétabli à Tunis, après des manifestations durement réprimées par la police qui ont conduit, fait inédit, le ministère de l'Intérieur à présenter "des excuses" publiques.
Cette police qui n'a encore acquis aucun réflexe républicain saura-t-elle sécuriser les élections ? Sans nier les difficultés, Yadh Ben Achour se veut rassurant.
"La difficulté des périodes transitoires, c'est qu'avec ces mêmes hommes, il faut refaire un système.Ces hommes, on ne va pas les fusiller, ils sont là, il faut travailler avec eux", dit-il, précisant ne pas savoir si la sécurisation du processus électoral serait dévolu à la police, à l'armée ou à une force mixte.
"Après 23 ans de frustration, les gens veulent tout et tout de suite.La pression sociale est très forte, la crédibilité du gouvernement est faible (...) mais je dis à tout le monde de rester optimiste.Quel pays, après une révolution pareille, a de bonnes performances?"
Sa commission a déjà "réussi un miracle", rappelle-t-il: "faire en trois semaine la loi électorale, qui a été publiée au Journal officiel cette semaine" et dont les décrets d'application sont en préparation.
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