"Il n'y a pas une seule preuve qui montre que le gouvernement éthiopien a utilisé l'aide humanitaire comme un instrument de guerre", a déclaré à l'AFP l'ambassadeur Zenebe Kebede, représentant permanent de l'Éthiopie auprès des Nations unies à Genève. Une Commission de trois experts, qui a rédigé un rapport destiné au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, a estimé que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité avaient probablement été commis durant le conflit qui déchire l'Ethiopie depuis fin 2020 dans la région du Tigré, dans le nord du pays. Leur rapport indique qu'il existe "des motifs raisonnables de croire que le gouvernement fédéral et les gouvernements des États régionaux alliés (principalement l'Erythrée, NDLR) ont commis et continuent de commettre des crimes contre l'humanité pour des motifs ethniques et d'autres actes inhumains". Les experts ont souligné la situation catastrophique au Tigré, où le gouvernement fédéral et ses alliés ont refusé à environ six millions de personnes l'accès aux services de base, pendant plus d'un an, et où de sévères restrictions à l'accès humanitaire ont laissé 90% de la population avec un besoin urgent d'assistance. La commission des trois experts indépendants a été établie pour un an le 17 décembre 2021, pour mener une enquête approfondie et indépendante sur les accusations de violations répétées des droits humains, malgré l'opposition d'Addis Abeba. L'ambassadeur Zenebe a estimé que la commission avait des "motivations politiques" et que ses conclusions étaient "contradictoires et partiales". "Nous n'avons donc pas d'autre choix que de rejeter ce rapport, comme nous avons rejeté la résolution qui l'a établi, ainsi que la création même de ce mécanisme", a-t-il déclaré. Le représentant éthiopien a également affirmé que les enquêteurs avaient ignoré les atrocités commises par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui a dirigé l'Éthiopie pendant des décennies avant l'arrivée au pouvoir du Premier ministre Abiy Ahmed en 2018. Les combats, qui ont débuté en novembre 2020 entre les autorités régionales rebelles issues du TPLF et les forces pro-gouvernementales, ont repris le 24 août après cinq mois de trêve. Le 1er septembre, les autorités tigréennes avaient par ailleurs dénoncé une offensive conjointe éthiopienne et érythréenne à partir de l'Érythrée, pays qui borde le nord du Tigré et qui a déjà prêté main-forte aux forces fédérales éthiopiennes pendant la première phase du conflit. Mardi, un porte-parole du TPLF a affirmé sur Twitter que "les forces érythréennes (avaient) lancé une offensive à grande échelle sur tous les fronts". L'AFP n'était pas en mesure de vérifier ces affirmations. Les journalistes n'ont pas accès au nord de l'Éthiopie et les réseaux de télécommunications y fonctionnent de manière aléatoire. Mais l'envoyé spécial américain pour la Corne de l'Afrique a condamné mardi les "mouvements de troupes érythréennes" au Tigré. "Nous avons suivi des mouvements de troupes érythréennes de l'autre côté de la frontière" et "nous les condamnons", a déclaré Mike Hammer. "La présence de troupes érythréennes en Éthiopie ne sert qu'à compliquer les choses et à enflammer une situation déjà tragique", a lancé M. Hammer.
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