L'université du Nil Bleu située à Damazine, le chef-lieu de l'Etat, a elle décidé de fermer jusqu'à nouvel ordre, précisant que "les classes et les examens" étaient suspendus. Dimanche, selon des témoins, des milliers de manifestants avaient incendié le siège du gouvernement du Nil Bleu, un Etat frontalier de l'Ethiopie et du Sud Soudan, et des tirs ont été entendus à Damazine. Les manifestants accusaient d'inaction les autorités locales face à un conflit tribal meurtrier. La foule a tenté de forcer l'entrée du quartier général de l'armée au cri de "Omda dégage!", réclamant le départ du gouverneur civil du Nil Bleu, Ahmed Al-Omda Badi. Au moins "200 personnes sont mortes" lors d'affrontements pour l'accès à la terre mercredi et jeudi entre la tribu des Haoussas, une ethnie africaine, et des clans rivaux à Wad al-Mahi, à 500 kilomètres au sud de Khartoum, selon un responsable local. "Un nouveau commandant militaire pour le Nil Bleu a été nommé", a annoncé lundi le porte-parole de l'armée soudanaise, Nabil Abdalla, ajoutant qu'un "comité d'enquête a été formé le 22 octobre par le commandement militaire" afin d'"évaluer la situation sécuritaire". Vendredi, M. Omda avait décrété l'état d'urgence dans le Nil Bleu et donné les pleins pouvoirs aux forces de sécurité pour "faire cesser les combats". Jeudi déjà, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté à Damazine pour protester contre les violences, alors que de juillet à début octobre, au moins 149 personnes ont été tuées et 65.000 déplacées dans le Nil Bleu, selon l'ONU. Durant l'été, les Haoussas s'étaient mobilisés à travers le Soudan, se disant discriminés par la loi tribale qui leur interdit, parce qu'ils sont arrivés les derniers dans le Nil Bleu, de posséder des terres. La question de l'accès à la terre est très sensible au Soudan, où agriculture et élevage représentent 43% des emplois et 30% du PIB. Depuis le putsch, le 25 octobre 2021, du général Abdel Fattah al-Burhane, les conflits tribaux sont en hausse au Soudan du fait, disent les experts, du vide sécuritaire créé par le coup d'Etat. Depuis janvier, ils ont fait près de 600 morts et plus de 210.000 déplacés, selon l'ONU.
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