Kenya: quatre policiers inculpés pour la disparition de trois hommes

Infos. Quatre policiers kényans, membres d'une unité récemment démantelée par les autorités à la suite d'accusations d'exécutions extrajudiciaires, ont été mis en examen lundi pour la disparition de trois hommes, dont les corps n'ont jamais été retrouvés.

Kenya: quatre policiers inculpés pour la disparition de trois hommes

Les officiers étaient membres de la redoutée Unité des services spéciaux (SSU), démantelée le 16 octobre par le président William Ruto. Créée il y a plus de 20 ans, elle était sous le feu des critiques après des cas de disparitions forcées et de meurtres. Les accusés ont comparu devant le tribunal et été inculpés de "complot en vue de commettre un crime" et "enlèvement" à la suite de la disparition en juillet de trois hommes, deux de nationalité indienne, membres de l'équipe de campagne de M. Ruto, et de leur chauffeur kényan. Selon l'acte d'accusation consulté par l'AFP, les policiers sont suspectés d'avoir jeté les corps des trois hommes dans le parc national des Aberdare, densément boisé, à environ 150 kilomètres au nord de la capitale Nairobi. "L'enquête est complexe et nécessite plus de temps, ainsi que la coopération avec d'autres agences gouvernementales, dont celles de l'Inde", écrivent les procureurs dans l'acte d'accusation. Les procureurs ont par ailleurs déclaré au tribunal qu'ils avaient fait face "à des ingérences et à des menaces de mort de la part de fonctionnaires en service, y compris des policiers" depuis qu'ils avaient pris en charge l'affaire. En janvier, la police avait ouvert une enquête après la découverte de corps en état de décomposition, dont certains portaient des traces de torture, dans une rivière de l'ouest du Kenya. M. Ruto, élu président en août, avait pointé du doigt le SSU et promis une refonte de la police. "Nous pouvons efficacement réprimer les crimes, surveiller, perturber et appréhender les criminels sans enlever, torturer, tuer ou faire disparaître des citoyens", avait déclaré le 20 octobre le chef de l'Etat. "Il est temps de mettre fin à ces terribles pratiques et de professionnaliser notre système de justice pénale", avait-il poursuivi. La police kényane a été accusée par le passé d'avoir dirigé des escouades de tueurs à gages ciblant des personnes enquêtant sur des violations présumées des droits de l'Homme par les services de sécurité, y compris des avocats. Selon l'organisation Missing Voices, qui milite pour dénoncer des exécutions extrajudiciaires au Kenya, 1.264 personnes sont mortes entre les mains des forces de l'ordre depuis qu'elle a commencé à collecter des données en 2007. Peu d'enquêtes menées à la suite de ces disparitions ont donné lieu à des condamnations. L'autorité indépendante de surveillance de la police, organisme dirigé par des civils, a annoncé lundi faire qu'une enquête et qu'un audit sur le SSU était une "priorité".

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