Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), déjà à l'origine de manifestations les 28 et 29 juillet et le 17 août, a appelé sur les réseaux sociaux à des manifestations "citoyennes et pacifiques" le 29 août et le 4 septembre à Conakry et dans sa banlieue, et le 5 septembre dans tout le pays. Cinq personnes avaient été tuées lors des journées de contestation de fin juillet, et deux mercredi. La junte au pouvoir depuis un an a interdit toute manifestation le 13 mai et décrété le 6 août la dissolution du FNDC, coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile qui avait orchestré de 2019 à 2021 des mois de mobilisation contre un troisième mandat présidentiel d'Alpha Condé. Le colonel Mamady Doumbouya, qui a renversé le président Condé en septembre 2021 et s'est depuis fait investir président, s'est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans. Le FNDC et ce qui reste de l'opposition dénoncent une confiscation du pouvoir, la répression des voix discordantes et une instrumentalisation de la justice. Le FNDC a accusé sur les réseaux sociaux la garde du colonel Doumbouya d'avoir abattu Oumar Barry, 17 ans, et Ibrahima Baldé, 19 ans, alors que son convoi traversait mercredi la banlieue de Conakry, en proie à des heurts. La junte réfuté toute implication dans la mort des deux jeunes vendredi soir. "Les rumeurs faisant état de coups de feu tirés à partir du cortège présidentiel sont fausses et infondées", a déclaré le porte-parole de la présidence dite de transition, le colonel Amara Camara, dans un communiqué. Le trajet présidentiel s'est déroulé "sans encombre, aucun incident n'ayant été enregistré", a assuré le porte-parole de la présidence. La présidence exprime son "affliction" et assure que "toute la lumière sera faite" sur les évènements. La journée avait donné lieu dans la banlieue de la capitale et certaines villes de province à des troubles et des rassemblements sporadiques. Le ministre de la Justice Charles Alphonse Wright, qui a reçu des proches de l'un des jeunes décédés, Oumar Barry, leur a promis que "justice sera rendue", selon une déclaration lue vendredi par le porte-parole du ministère, Yaya Kairaba Kaba. Mais il a ajouté que "ceux qui ont appelé à la manifestation répondront également devant la justice". Il s'est dressé contre toute "manipulation de l'opinion", incitant la famille à ne pas instrumentaliser la dépouille du défunt. "Le corps vous sera restitué au temps opportun", c'est-à-dire après l'autopsie, a-t-il dit. La Guinée est coutumière de telles violences, dont les circonstances demeurent souvent obscures. Les défenseurs des droits dénoncent de longue date les excès des forces de sécurité et l'impunité dont elles bénéficient. Le FNDC a appelé dans un communiqué distinct les pays ayant une coopération militaire avec la Guinée à y mettre fin, "sans quoi ils seront considérés comme complices des tueries et exactions perpétrées par la junte".
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