Tigré: des crimes contre l'humanité "commis par toutes les parties" en toute "impunité", selon Amnesty

Infos. Des crimes contre l'humanité ont été commis "par toutes les parties" en toute "impunité" dans le conflit qui ravage le nord de l'Ethiopie depuis bientôt deux ans, a déploré mercredi Amnesty International, qui n'exclut pas un "génocide".

Tigré: des crimes contre l'humanité "commis par toutes les parties" en toute "impunité", selon Amnesty

Depuis le début en novembre 2020 de la guerre dans la région septentrionale du Tigré, l'ONG a recensé de "nombreuses violations des droits humains, y compris des viols, des violences sexuelles (...) des pillages, des cas de torture et d'exécutions extrajudiciaires", a souligné Fisseha Tekle, chercheur spécialiste de l'Ethiopie et de l'Erythrée à Amnesty International lors d'une conférence de presse à Nairobi. "Toutes les parties, Tigréens, Amharas (les milices et forces de sécurité de la région éponyme, voisine du Tigré, ndlr) Erythréens ont commis de graves violations des droits humains et des crimes contre l'humanité", et ce, en toute "impunité", a avancé M. Tekle, affirmant que ces exactions ont commencé "dès le début du conflit". "Nous n'excluons pas la qualification de génocide, mais nous n'avons pas assez d'éléments pour le moment", a-t-il poursuivi, demandant des "enquêtes internationales" sur les cas documentés de violations des droits de l'homme. Les combats ont repris le 24 août après à une trêve de cinq mois. Le Tigré est coupé du reste du pays et privé d'électricité, de réseaux de télécommunications, de services bancaires et de carburant. L'acheminement routier et aérien de l'aide humanitaire est également totalement interrompu depuis la reprise des combats. "Des millions de personnes au Tigré font face à une catastrophe humanitaire", a mis en garde Fisseha Tekle. Des pourparlers de paix entre les rebelles de la région du Tigré et le gouvernement éthiopien se sont ouverts mardi à Pretoria, en Afrique du Sud, pour "trouver une solution pacifique et durable" à la guerre. Les discussions doivent se poursuivre jusqu'au 30 octobre. "Sans justice, il ne peut pas y avoir de paix durable", a déclaré Fisseha Tekle, soulignant que la "justice devait être l'élément central des pourparlers de paix". Le bilan du conflit, qui se déroule largement à huis clos, est inconnu. L'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a estimé vendredi qu'en deux ans, "jusqu'à un demi-million de personnes sont mortes". La presse n'a pas accès au nord de l'Ethiopie et les communications y fonctionnent de façon aléatoire, rendant impossible toute vérification indépendante d'informations. La guerre a déplacé aussi plus de deux millions d'Ethiopiens et plongé des centaines de milliers de personnes dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU. La guerre a commencé en novembre 2020 quand M. Abiy a envoyé l'armée au Tigré pour déloger les autorités régionales, issues du Front de libération du peuple du Tigre (TPLF), qui contestaient son autorité et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires. Le TPLF a dominé la coalition au pouvoir en Ethiopie pendant des décennies, avant l'arrivée au pouvoir de M. Abiy en 2018, qui les a écartés.

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