"La junte malienne a fait venir Wagner et le terrorisme a empiré de façon considérable", a déclaré lors d'une visioconférence la sous-secrétaire d'Etat américaine Victoria Nuland, de retour d'un déplacement au Sahel, y compris au Mali, entre le 16 et le 20 octobre. Elle a fait état d'une augmentation d'environ 30% des actes terroristes au cours des six derniers mois. Ces propos contredisent ceux des militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 dans ce pays secoué depuis 2012 par la violence et la propagation jihadiste. Les autorités maliennes se sont détournées depuis un an de l'allié français et de ses partenaires, et tournées vers la Russie. Elles répètent avoir inversé la tendance sécuritaire et avoir mis en débandade les groupes jihadistes. Les Etats-Unis, la France et les Occidentaux accusent la junte de s'être adjoint les services de la société de sécurité Wagner, aux agissements décriés. Les autorités maliennes démentent et parlent de coopération avec l'armée russe au nom d'une relation ancienne d'Etat à Etat. Mme Nuland a indiqué avoir fait part des préoccupations américaines au gouvernement malien lors de sa visite. "Ce gouvernement intérimaire a fait de très mauvais choix en faisant venir Wagner et en les associant à son dispositif sécuritaire, et nous en voyons les résultats avec une violence et des actes de terrorisme en augmentation et les forces des Nations unies poussées vers la sortie", a-t-elle dit. Elle a accusé Wagner de faire pression sur le Mali pour qu'il limite les opérations de la mission de paix de l'ONU (Minusma), limitations dont s'est plainte la Minusma elle-même. Mme Nuland s'est aussi fait l'écho des nombreuses accusations d'abus commis par les hommes de Wagner contre les populations civiles. Les voisins du Mali sont également "très inquiets" de la présence de Wagner au Mali, a-t-elle déclaré en citant la Mauritanie où elle s'est également rendue et qu'elle a décrite comme un "îlot de stabilité dans un voisinage très, très âpre". Les Etats-Unis sont engagés militairement au Sahel. Ils fournissaient un soutien en logistique et en renseignement à la force antijihadiste française Barkhane au Mali avant que celle-ci ne soit poussée vers la sortie cette année. Mme Nuland a assuré que les Américains continuaient à collaborer très étroitement avec les Français au Sahel après le redéploiement de ces derniers. Mais "la faculté des Etats-Unis à aider le Mali sur le front sécuritaire est fortement restreinte", à cause des lois américaines sur la coopération avec des gouvernements non-élus, "et encore plus maintenant par le choix qu'a fait le Mali d'être de mèche avec Wagner", a-t-elle dit. Les programmes civils sont aussi affectés, a-t-elle dit. Mme Nuland s'est aussi rendue au Burkina Faso et y a rencontré le nouvel homme fort, le capitaine Ibrahim Traoré. "Il a dit sans équivoque que c'était aux Burkinabè de défendre la sécurité de leur pays et qu'ils n'avaient aucune intention de faire venir Wagner", a-t-elle déclaré.
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