La patronne d'Amnesty espère l'émergence d'un leadership africain à la Mandela

Infos. La patronne d'Amnesty International Agnès Callamard a espéré vendredi l'émergence d'un leadership politique africain à la Nelson Mandela face aux grandes crises, dont les restrictions des libertés sur le continent et dans le monde.

La patronne d'Amnesty espère l'émergence d'un leadership africain à la Mandela

Mme Callamard, en visite au Mali et au Sénégal depuis le 16 octobre, a dressé un sombre tableau des droits en Afrique de l'Ouest, lors d'une conférence de presse à Dakar. Elle a déclaré qu'il n'y avait "pas de justice" au Mali et que la junte au pouvoir dans ce pays en proie à la violence et au jihadisme était dans le "déni" quant aux atteintes aux droits des populations civiles. Même le Sénégal, présenté par ses partenaires comme un bon élève en matière de démocratie, est touché par ce qu'elle a appelé "le rétrécissement de l'espace civique". "On assiste à l'échelle régionale tout comme à l'échelle globale à un rétrécissement de l'espace des libertés individuelles, un rétrécissement confirmé, assumé par les autorités" rencontrées au Mali et au Sénégal, a-t-elle dit. "Dans ce contexte où les valeurs humaines sont flouées, on a besoin de vrais leaders (...) J'oserais espérer que peut-être ces leaders pourraient émerger ou se trouver en Afrique. Il l'ont été, je veux parler ici de Nelson Mandela", a-t-elle dit. "Le monde a besoin d'un leadership éclairé de la part des leaders africains. On le retrouve au niveau de la société civile, il faudrait que maintenant on le retrouve aussi au niveau du leadership politique", a-t-elle dit. Au Mali, Mme Callamard a salué un "intérêt clair" de la junte à dialoguer avec Amnesty et des "avancées" sur le cadre juridique de la lutte contre l'impunité. Mais elle a redit que la mort de milliers de personnes restait "sans coupable et sans jugement". Elle a aussi redit que les forces de sécurité étaient elles-mêmes soupçonnées de nombreuses exactions. Mais "les réponses que nous recevons au sujet des enquêtes sont franchement préoccupantes", a-t-elle dit. "Il faut reconnaître que les incidents sécuritaires augmentent (...) et que le déni ne peut pas aider à y répondre", a-t-elle dit. "Amnesty International et d'autres ont constaté une recrudescence des violences contre les populations civiles depuis le début de l'année, une recrudescence qui n'est pas du tout reconnue par les autorités", a-t-elle renchéri. "Il n'y a pas de paix sans justice et à l'heure actuelle il n'y a pas de justice, donc on peut s'interroger sur ce qui va se passer avec la paix", a-t-elle dit. Au Sénégal, elle a critiqué l'interdiction fréquente et "problématique" de manifestations. Elle a évoqué un arrêté controversé de 2011, toujours en vigueur, interdisant les manifestations politiques dans le centre-ville de Dakar, siège du pouvoir. La Cour de justice de l'organisation ouest-africaine Cédéao en a demandé en 2022 l'abrogation. Amnesty a demandé aux responsables gouvernementaux quand la décision de la Cour de justice serait appliquée. "La réponse que nous avons reçue c'est qu'elle ne le sera pas, c'est pour nous une réponse assez choquante", a-t-elle dit. "Il s'agit d'un très mauvais exemple que donne le Sénégal, qui fragilise une institution importante du système africain", a-t-elle dit. Elle a aussi évoqué les investigations ouvertes après les émeutes de mars 2021 qui ont fait 14 morts selon elle et au cours desquelles les forces de sécurité sont accusées par l'opposition d'avoir fait un usage excessif de la force. "La volonté politique de les faire aboutir n'est pas là", a-t-elle fustigé.

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