Reprenant les slogans de la dictature islamo-militaire d'Omar el-Béchir, déposé en 2019, et réclamant "un pouvoir islamique" les manifestants ont brandi des pancartes proclamant: "Non aux ingérences étrangères" et "Non à l'ONU". Certains ont brûlé des portraits de Volker Perthes, l'émissaire de l'ONU à Khartoum, en criant "Volker, collabo, c'est nous qui avons décapité Gordon", en référence au général britannique Charles Gordon tué en 1885 lors d'une révolte soudanaise. "Pourquoi l'armée ne se rallie pas au peuple en dégageant Volker aujourd'hui même?", a lancé un manifestant à l'AFP. Les pro-démocratie redoutent un retour à l'ancien régime du dictateur Omar el-Béchir depuis le coup d'Etat mené il y a un an par le général Abdel Fattah al-Burhane. Ils en veulent pour preuve le fait que de nombreux islamistes ont retrouvé les postes qu'ils occupaient au sein du pouvoir islamo-militaire qui régna sur le Soudan de 1989 à 2019. Les médiations internationales lancées depuis un an échoppent notamment sur ce point: les civils limogés lors du putsch affirment qu'ils ne reviendront à la table des négociations que si l'armée accepte l'idée de se retirer du pouvoir selon un calendrier précis et si les responsables de l'ancien régime sont définitivement écartés et jugés. Si M. Béchir comparaît devant un tribunal et est incarcéré, nombre des responsables de son régime ont été libérés depuis leur arrestation quand le dictateur a été forcé au départ en 2019. Samedi, devant le siège de l'ONU, des tribuns islamistes haranguaient la foule via des haut-parleurs, alors que des policiers se tenaient à proximité, a rapporté le journaliste de l'AFP. Jeudi, la police avait tiré des grenades lacrymogènes sur les milliers de manifestants contre le pouvoir militaire qui continuent de prendre la rue malgré la répression qui a fait 119 morts selon des médecins. Depuis le coup d'Etat du chef de l'armée, toujours seul aux commandes du pays depuis qu'il a évincé les civils du pouvoir, le Soudan, l'un des pays les plus pauvres au monde, ne cesse de s'enfoncer dans la crise politique et économique.
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