Les manifestants, dont des centaines de motards, certains armés de bâtons et de pierres, ont envahi les rues de la ville de plus d'un million d'habitants, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Ils se sont ensuite dirigés vers la "grande barrière", un poste frontière entre la RDC et le Rwanda, avant d'être dispersés par la police congolaise à coups de gaz lacrymogène. "FARDC (Forces armées de la RDC), donnez-nous des armes", scandaient ces manifestants, en plus de slogans hostiles contre le Rwanda et l'Ouganda. "Nous sommes fatigués. Aujourd'hui nous allons entrer au Rwanda!", a lancé un manifestant. "Nous dénonçons l'hypocrisie de la communauté internationale face à l'agression du Rwanda. Nous souffrons à cause du Rwanda, c'est assez. Nous voulons passer un message (au président rwandais Paul) Kagame", déclarait au milieu de la foule Mambo Kawaya, un représentant de la société civile. Dimanche déjà, des dizaines de jeunes avaient manifesté et brûlé un drapeau rwandais à Goma. Le M23 ("Mouvement du 23 mars") est une ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes fin 2021, en reprochant à Kinshasa de n'avoir pas respecté des accords sur la réinsertion de ses combattants. La RDC accuse le Rwanda de soutenir cette rébellion, ce que Kigali dément systématiquement. Après des mois de tension entre les deux voisins, Kinshasa a décidé samedi d'expulser l'ambassadeur du Rwanda en RDC, après la prise par les rebelles du M23 des villes de Kiwanja et Rutshuru-centre, situées sur la route nationale 2, axe stratégique desservant Goma. En juin, le mouvement rebelle s'était emparé de la cité de Bunagana, à la frontière ougandaise. Le Rwanda a indiqué dimanche avoir "noté avec regret" la décision de Kinshasa. Sur Twitter, Paul Kagame a indiqué lundi avoir eu "une bonne discussion" avec le secrétaire général de l'ONU afin de "résoudre le problème de manière pacifique". Après plusieurs semaines d'accalmie, le M23 progresse depuis le 20 octobre à l'intérieur du territoire de Rutshuru, au nord de Goma, où les combats ont provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes. En novembre-décembre 2012, le M23 avait occupé Goma pendant une dizaine de jours, avant d'être vaincu l'année suivante par les forces armées congolaises et les Casques bleus, après 18 mois de guérilla.
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