"En moins d'une semaine, le territoire contrôlé par le M23 a presque doublé", a tweeté en fin de journée le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), qui dispose d'experts dans la région.
Les rebelles ont "continué (lundi) de progresser vers le nord", tandis que les Forces armées de la RDC (FARDC), selon le KST, sont concentrées plus au sud "pour leur barrer la route de Goma", ville de plus d'un million d'habitants, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Selon l'ONU, les combats entre les FARDC et le M23 ont déplacé depuis le 20 octobre quelque 50.000 personnes, dont 12.000 ont trouvé refuge en Ouganda.
Dans la matinée, une foule de manifestants, dont des centaines de motards, certains armés de bâtons et de pierres, a envahi les rues de Goma, où l'activité économique était paralysée.
Les manifestants se sont dirigés vers la "grande barrière", un poste frontière entre la RDC et le Rwanda, avant d'être dispersés par la police congolaise à coups de gaz lacrymogène.
"Nous dénonçons l'hypocrisie de la communauté internationale face à l'agression du Rwanda.Nous souffrons à cause du Rwanda, c'est assez", déclarait parmi eux Mambo Kawaya, un représentant de la société civile.
Des manifestants portaient des croix avec des portraits des présidents rwandais Paul Kagame et ougandais Yoweri Museveni, ainsi que des cercueils, portés sur la tête, en scandant qu'ils allaient "enterrer le président rwandais".
D'autres arboraient le drapeau de la Russie et des portraits de Vladimir Poutine, demandant une intervention militaire de son pays en opposition aux "alliés hypocrites" de l'Occident.
Dimanche déjà, des dizaines de jeunes avaient manifesté et brûlé un drapeau rwandais à Goma.
Dans un message à la population, le gouverneur militaire du Nord-Kivu a toutefois invité "la société civile et les mouvements citoyens à s'abstenir d'organiser des manifestations populaires susceptibles de favoriser l'infiltration de l'ennemi".Il a aussi appelé les habitants à "l'unité" et à "éviter des conflits intercommunautaires inutiles".
- Rappel du chargé d'affaires -
Le M23 ("Mouvement du 23 mars") est une ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes fin 2021, en reprochant à Kinshasa de n'avoir pas respecté des accords sur la réinsertion de ses combattants.
La RDC accuse le Rwanda de soutenir cette rébellion, ce que Kigali dément systématiquement.
Après des mois de tension entre les deux voisins, l'ambassadeur du Rwanda Vincent Karega a été expulsé par la RDC, qui a aussi annoncé lundi le "rappel en consultation" de son chargé d'affaires à Kigali.
Dans son briefing hebdomadaire, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a de nouveau dénoncé "l'attitude belliqueuse" du Rwanda, nourrie selon lui par la volonté de "piller les ressources" de l'est de la RDC.
Kinshasa avait annoncé l'expulsion de l'ambassadeur samedi, après la prise par les rebelles du M23 des villes de Kiwanja et Rutshuru-centre, situées sur la route nationale 2, axe stratégique desservant Goma.En juin, le mouvement rebelle s'était emparé de la cité de Bunagana, à la frontière ougandaise.
Le Rwanda a indiqué dimanche avoir "noté avec regret" la décision de Kinshasa d'expulser M. Karega, ajoutant que les forces de sécurité rwandaises à la frontière avec la RDC avaient été placées en état d'alerte.
Après l'Union africaine et le secrétaire général des Nations unies, l'Union européenne et la France ont appelé à leur tour à l'arrêt immédiat des combats et au retrait du M23 des zones occupées.
"La mise en œuvre effective des engagements politiques pris notamment dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi est la seule voie possible", a estimé l'UE dans un communiqué.
Paris, dans une déclaration de son ministère des Affaires étrangères, a également "réaffirmé son attachement ferme à la souveraineté, à l'indépendance, à l'unité et à l'intégrité territoriale" de la RDC.
En novembre-décembre 2012, le M23 avait occupé Goma pendant une dizaine de jours, avant d'être vaincu l'année suivante par les forces armées congolaises et les Casques bleus, après 18 mois de guérilla.
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