Très critiqué, M. Akufo-Addo a exhorté la semaine dernière les Ghanéens à soutenir sa décision de solliciter un prêt du FMI, lui qui avait autrefois promis un "Ghana sans aide". Déjà accablé par une forte dette, le Ghana cherche à obtenir un crédit de 3 milliards de dollars pour faire face à l'inflation record de 37% et à l'effondrement de sa monnaie - le cedi -, des difficultés économiques aggravées depuis l'invasion russe en Ukraine. Les manifestants, pour la plupart vêtus de t-shirts rouges -couleur du deuil au Ghana- estampillés "Ku me preko" ("Autant me tuer" en langue akan), ont appelé à la démission du président ainsi que du ministre des Finances Ken Ofori-Atta. "Notre économie est dans un fossé. On ne peut pas acheter un gallon d'essence, (...) ou un sac de maïs. Manger trois repas complets, c'est très compliqué maintenant", se lamente Carlos Adams, étudiant. Aujourd'hui, ce sont "les plus forts qui survivent et ce n'est pas pour ça qu'on a voté pour lui (M. Akufo-Addo)", insiste le jeune homme. "Les temps sont vraiment durs." L'un des organisateurs de la manifestation, Martin Luther Kpebu, abonde: "Assez du copinage, assez du népotisme, assez de la corruption !" De nombreuses pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Les hommes politiques mangent; les Ghanéens souffrent" et "Démissionnez ou soyez destitués" ont été brandies lors de la manifestation pacifique. Dix jours après l'appel des législateurs du parti au pouvoir à limoger le ministre des Finances, la pression sur le gouvernement s'intensifie. La décision du président de solliciter le FMI a fait naître la crainte que le gouvernement impose des mesures d'austérité qui accableraient un peu plus la population, déjà confrontée à l'explosion des prix. Mi-octobre, les commerçants d'Accra avaient fermé boutique pour protester contre la flambée du coût de la vie.
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