Dans cette lettre adressée au gouverneur de Tombouctou, le cadi (juge islamique) demande également aux "autorités scolaires" d'introduire l'arabe et l'étude du Coran à l'école. Le système éducatif malien est largement accusé par les groupes jihadistes, dans les immenses terres rurales où leur influence est forte, de ne pas respecter les règles qu'ils prônent notamment en utilisant le français, en ne séparant pas garçons et filles, en autorisant des vêtements qu'ils jugent contraires à leurs règles. Un total de 1.766 écoles sont fermées au Mali, affectant un demi-million d'enfants, selon l'Unicef en octobre. Le renommé cadi a posé le 26 octobre dans cette lettre au gouverneur de Tombouctou, plus haute autorité de l'Etat dans la région, ces trois conditions à la réouverture des écoles dans les zones sous influence jihadiste. La lettre a été authentifiée à l'AFP par une source au sein du gouvernorat. Son auteur est Houka Houka Ag Alhousseini, cadi de Zouera, ancien juge islamique durant l'occupation jihadiste de Tombouctou en 2012. Il figure sur les listes de sanctions de l'ONU. Officiellement enseignant, il est également par son rang de cadi une autorité morale et religieuse. A Tombouctou, beaucoup préfèrent aller le voir plutôt que la justice étatique pour juger un larcin ou un conflit, selon un notable de Tombouctou. Il "faudrait" également, dit-il dans sa lettre, que "les rangées des filles et des garçons soient séparées par une barrière lorsqu'il est impossible de séparer la classe". L'enseignant doit en outre être du même sexe que les élèves. Les apprenants sur le chemin de l'école doivent s'habiller "décemment comme le veut la religion musulmane", estime-t-il. Dans un récent document sur les violations des droits de l'homme au Mali consulté jeudi par l'AFP, l'ONU note que les combattants jihadistes "imposent aux populations" des localités qu'ils contrôlent de la région de Tombouctou "leur interprétation rigoriste des préceptes de l'Islam ainsi que le paiement forcé de la zakat", l'impôt islamique. Début juillet, relate l'ONU, sept femmes qui ne portaient pas de voile noir à Douékira, dans la région de Tombouctou, ont été fouettées par des combattants d'Al-Qaïda, réunis sous la bannière de la nébuleuse du Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM) dirigé par Iyad Ag Ghali.
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