"Ils ont fait un très beau match mais la chance n'a pas été de notre côté.On a tenu tête aux tenants du titre, c'est superbe", se réconfortait Oussama Abdouh, 35 ans, un supporteur casablancais.
"Au-delà de la Coupe du monde, cette équipe nous a fait rêver jusqu'au bout et rien que pour ça, je leur tire mon chapeau", a-t-il ajouté.
Hakim Salama, lui, aurait aimé que l'histoire continue."On a raté l'opportunité du siècle.Je suis dégoûté", lâche-t-il.
"Je ne dirais pas que c'est une défaite.Les Marocains ont montré un magnifique visage.On est fier d'eux.Franchement, on y croyait à cette finale, ça nous fait un peu mal mais ils nous ont fait vibrer, ils nous ont fait rêver et c'est tout ce qu'on voulait en fait", rétorque Mohamed Amine, 23 ans.
A Rabat, dans une capitale imbibée de pluie, loin des explosions de joie qui avaient fêté ses précédents exploits au Qatar, le parcours fantastique de l'équipe marocaine a été salué par des salves de klaxons et des rassemblements festifs au son des tambours.
- Félicitations royales -
Le roi Mohammed VI s'est entretenu au téléphone avec le coach Walid Regragui, élevé au rang de héros national, et le capitaine Romain Saiss, sorti blessé.
Il a transmis ses "vives félicitations" à l'ensemble de l'équipe pour avoir "fait honneur au peuple marocain et au public international", a précisé l'agence de presse MAP.
"Après son parcours exceptionnel (...), l'équipe marocaine peut désormais envisager l'avenir sereinement et continuer à rêver et à écrire de nouveaux chapitres glorieux de son histoire", selon la MAP.
"L'équipe nationale a fait des miracles depuis le début du Mondial.Perdre ou gagner importe peu pour nous", commentait avant le match Rachid Sabbiq, croisé dans un marché du quartier populaire de Derb Sultan à Casablanca.
"Ils ont gagné le respect et l'admiration de tous les Marocains et ça n'a pas de prix !", ajoute ce vendeur ambulant qui a troqué le négoce des friandises pour des drapeaux marocains.
Derb Sultan est un des quartiers emblématiques de la plus grande ville du pays.
Fief de la résistance contre le protectorat français (1912-1956), il a vu naître en 1949 le plus prestigieux des clubs du royaume, le Raja de Casablanca.
"Dans ce quartier, on est épris de foot, donc forcément les victoires de l'équipe nationale nous font rêver", s'enthousiasme Mohamed Nadifi, un adolescent qui voudrait tant imiter son idole Sofiane Boufal.
Touria Matrougui a bravé le froid et la pluie torrentielle pour aller à Derb Sultan acheter des tenues du Maroc pour ses quatre petits neveux.
"Ils ont brandi le drapeau marocain très haut et rien que pour ça, on ne les remerciera jamais assez", assure fièrement la quinquagénaire.
- Fièvre africaine et arabe -
Cette fièvre a gagné tout le continent africain et le monde arabe.
"Le Maroc a rendu tout un continent fier.J'ai suivi avec passion le parcours de cette équipe comme si c'était mon propre pays", confesse Sidibey Zoumana, un Ivoirien résident au Maroc depuis 2018.
De Rabat à Gaza en passant par Dakar, la liesse populaire a accompagné l'épopée des hommes de Walid Regragui.
"Les Lions de l'Atlas ont donné de la visibilité à notre pays, de la sympathie aussi.Ils ont prouvé qu'un pays africain peut aller loin, être compétitif", s'est consolé Saïd Mouhssine, 48 ans, après la défaite.
Cette demi-finale contre la France - copieusement sifflée pendant toute la rencontre - était particulièrement chargée d'histoire et de revanche.
"Ça me rappelle l'ambiance lors de l'indépendance du Maroc", a confié au quotidien Le Parisien l'écrivain Tahar Ben Jelloun.
Cette demi-finale s'est déroulée sur fond de crise diplomatique entre le Maroc et la France en raison des épineux dossiers des visas et du Sahara occidental.
Un couac, malgré tout, la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) a dû annuler mercredi des vols prévus entre Casablanca et Doha pour les supporteurs après que d'autres déjà arrivés au Qatar n'ont pu obtenir les tickets promis sur place pour ce match.
A Doha, des supporters marocains ont expliqué que la Fédération marocaine de football (FRMF) leur avait promis des billets dont ils ne disposaient pas à leur arrivée.
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