Pendant des décennies, le système éducatif au Zimbabwe était réputé l'un des meilleurs d'Afrique, l'un des rares héritages incontestés de l'ancien homme fort Robert Mugabe. Des années de déclin économique lui ont ôté son lustre mais le pays conserve un vivier d'enseignants hautement qualifiés et instruits. Comme la plupart des salariés du public, ils touchent de maigres salaires. Certains sont déjà partis dans d'autres pays comme l'Afrique du Sud et le Rwanda. "C'est une super nouvelle", se réjouit auprès de l'AFP Nyasha, enseignante qui tient à son anonymat, en évoquant la nouvelle politique de recrutement britannique. "Les conditions ici sont intenables". Londres a annoncé au début du mois que le Zimbabwe figurait parmi les neuf pays où il cherche à recruter des enseignants. Au Zimbabwe, les profs peuvent espérer être payés 75 euros par mois, une petite fraction de ce qu'ils gagneraient en s'expatriant. Certains redoutent que l'exode à venir ne fasse vaciller un système scolaire déjà chancelant. "Et nous, on devient quoi dans tout ça?", demande Obert Masaraure, responsable d'un syndicat d'enseignants en milieu rural. Le Zimbabwe, une nation de 15 millions d'habitants où 41% de la population a moins de 14 ans, compte 150.000 enseignants répartis dans plus de 10.000 écoles. Le gouvernement estime qu'il leur manque déjà au moins 25.000 profs. "Si nous partons tous, qui va apprendre à lire et écrire à nos enfants ?", s'inquiète Tafadzwa Munodawafa, à la tête d'un autre syndicat enseignant. Interrogé par l'AFP, le ministère de l'Education n'a fait aucun commentaire, assurant ne pas être au courant de la campagne de recrutement britannique. Pour endiguer l'exode des médecins et infirmières, partis nombreux ces dernières années, les autorités ont compliqué l'obtention des documents nécessaires pour prouver leur qualification. "Le gouvernement ferait mieux de privilégier la rémunération de nos professionnels", estime auprès de l'AFP Henry Madzorera, ancien ministre de la Santé dans l'opposition. Selon les dernières statistiques, plus de 4.000 travailleurs de santé ont quitté le service public en deux ans, dont beaucoup auraient émigré.
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