Signe d'une volonté de repartir sur de nouvelles bases, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, en visite dans la capitale marocaine, a annoncé "le retour à la normale" en matière d'attribution des visas aux Marocains.
Cette "pleine coopération est effective depuis lundi dernier", a-t-elle précisé, lors d'une conférence de presse avec son homologue Nasser Bourita, scellant ainsi la fin de la politique de restriction en matière de délivrance des visas.
En septembre 2021, Paris avait décidé de réduire de moitié les permis d'entrée accordés aux Marocains, arguant de la réticence du royaume à réadmettre ses ressortissants en situation irrégulière dans l'Hexagone.
Une mesure similaire avait été décidée à l'égard de l'Algérie voisine, où le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin se rend à partir de vendredi pour discuter, entre autres, des questions migratoires.
Cette décision, qualifiée d'"injustifiée" par Rabat et décriée par les milieux francophones marocains, empoisonnait les relations bilatérales, même si M. Bourita s'est efforcé vendredi d'en minimiser la portée.
"Aujourd'hui, la décision (de la France) est une décision unilatérale que le Maroc respecte et ne commentera pas officiellement, mais qui va dans le bon sens", s'est borné à dire le chef de la diplomatie marocaine.
- Prochaine visite de Macron --
Les ministres ont surtout insisté sur les liens bilatéraux historiques, d'une "importance particulière, singulière, unique".
Pour autant, cette relation doit nécessairement évoluer au moment où le Maroc diversifie ses partenaires et prend une place majeure sur le continent africain, ont-ils fait valoir.
Les deux capitales s'y attellent dans la perspective d'une visite d'Etat du président français, programmée pour le "premier trimestre 2023", mais dont la date n'est pas encore arrêtée.
"On souhaite arriver d'ici le mois de janvier à une feuille de route qui permette à la visite d'être une visite ambitieuse et pour le bien des deux pays", a précisé auprès de l'AFP la ministre française, avant de quitter Rabat.
Après un premier échange le 1er novembre, Emmanuel Macron et Mohammed VI se sont à nouveau entretenus mercredi soir, à l'issue de la demi-finale enfiévrée du Mondial France-Maroc, au Qatar.
"Nous avons pour instruction de préparer ce rendez-vous très important, au plus haut niveau", a assuré de son côté M. Bourita, ajoutant que Paris et Rabat avaient une "vision commune" sur la manière de faire évoluer leur relation.
- "Position claire et constante" -
A propos du dossier épineux du Sahara occidental, les deux chefs de la diplomatie se sont efforcés de dissiper les crispations.
"Le Maroc sait qu'il peut compter sur l'appui de la France", a insisté Mme Colonna, réitérant la position "claire et constante" de cette dernière et relevant "l'urgence" de parvenir à une solution politique "durable" au moment où "les tensions refont surface".
"Le Maroc n'a jamais considéré que la position de la France était négative", s'est défendu M. Bourita après que Paris se fut vu reprocher d'être trop attentiste sur ce que Rabat considère comme sa "cause nationale".
Le conflit du Sahara occidental oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.Le Polisario réclame un référendum d'autodétermination tandis que Rabat promeut une autonomie sous sa souveraineté.
Interrogée par l'AFP sur les vives tensions entre l'Algérie et le Maroc --"deux pays importants pour les équilibres de la région"--, Mme Colonna a répondu que la France "encourage et les uns et les autres à rechercher les voies du dialogue et à apaiser les tensions".
La ministre française était arrivée à Rabat jeudi soir où elle a rencontré des conseillers du roi.
Vendredi, avant son entretien avec M. Bourita, elle s'est recueillie au mausolée Mohammed V, abritant la tombe du roi, grand-père du monarque actuel, qui dirigeait le pays lors de son indépendance en 1956.
Elle s'est aussi rendue au Lycée français Descartes - pépinière de l'élite francophile marocaine à Rabat - où elle a défendu la langue française dans un royaume où de plus en plus de jeunes se tournent vers l'anglais et l'espagnol.
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