D'abord mobilisés au rond-point des Nations-unies, au coeur de la capitale, les manifestants se sont rendus devant l'ambassade de France, où un important dispositif sécuritaire avait été déployé. Certains d'entre eux brandissaient des drapeaux de la Russie, pays avec lequel ils ont dit vouloir que leurs dirigeants intensifient les relations. "Après une première lettre demandant le départ de la France, nous avons à nouveau remis une deuxième lettre aujourd'hui. Une troisième lettre sera transmise aux autorités pour demander purement et simplement le départ de la France", a déclaré Cheik Mahamoudou, un des leaders de la manifestation. Le 28 octobre, plusieurs centaines de personnes avaient déjà manifesté pour exiger le "départ dans un délai de 72h" de la France au Burkina Faso. La France est présente militairement au Burkina Faso avec la force Sabre, un contingent de forces spéciales basé à Kamboinsin, en périphérie de la capitale. Devant l'ambassade, ils ont bloqué l'accès à la représentation diplomatique pendant plusieurs minutes, avant d'être dispersés à coup de gaz lacrymogène. Une partie d'entre eux s'est ensuite dirigée à moto vers la base de Kamboinsin, pour continuer la manifestation. "Nous ne voulons plus de la France aujourd'hui et nous n'en voudrons pas demain. Notre pays est régulièrement attaqué par des terroristes. Si leur présence ne donne pas de résultats, qu'ils laissent la place à d'autres partenaires", a lancé Salif Belem, un manifestant agitant un drapeau russe. Des intérêts de la France au Burkina, dont l'ambassade et deux Instituts français, avaient été pris à partie par des manifestants à l'occasion du coup d'Etat du 30 septembre qui a porté au pouvoir un jeune capitaine de 34 ans, Ibrahim Traoré, investi depuis président de la transition. Dans plusieurs pays d'Afrique francophone, Moscou jouit d'un soutien populaire grandissant quand la France, ex-puissance coloniale, y est de plus en plus vilipendée, en particulier au Mali, pays voisin du Burkina également dirigé par des militaires putschistes depuis 2020. Au Burkina, la junte au pouvoir n'a pas fermé la porte à un rapprochement avec la Russie mais n'a pas montré d'hostilité à la France qui continue d'appuyer l'armée burkinabè dans sa lutte anti-jihadiste. Les attaques régulières de groupes armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI) ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes depuis 2015.
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