Nicolas Sarkozy est venu apporter samedi en Côte d'Ivoire son soutien total au nouveau président Alassane Ouattara et s'est engagé à maintenir, à moyen terme, une présence militaire destinée à protéger les milliers de ressortissants français qui y vivent.
M. Sarkozy a entamé sa première visite dans l'ex-colonie française par sa capitale politique Yamoussoukro (centre), où il a participé, seul chef d'Etat occidental, à la cérémonie d'investiture de son "ami" Alassane Ouattara avec une vingtaine de ses pairs africains et du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
Sitôt descendu d'avion, le président français a tenu à souligner le sens de sa présence."C'est important d'être en Côte d'Ivoire aux côtés d'Alassane Ouattara, pour la démocratie, pour l'Afrique", a-t-il lancé à la presse.
Quelques heures plus tard, Nicolas Sarkozy a détaillé devant des centaines de Français réunis dans le camp militaire français de Port-Bouët, dans le sud d'Abidjan, les contours de ce soutien, notamment militaire.
"Nous garderons toujours des forces militaires ici pour assurer la protection de nos ressortissants", a-t-il déclaré sous les applaudissements.
La présidence française a précisé dans la foulée que les effectifs de la force Licorne, actuellement d'un millier de soldats après en avoir atteint 1.700 au plus fort de la crise qui a abouti à l'arrestation de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo le 11 avril, devraient être progressivement réduits "en accord" avec les nouvelles autorités ivoiriennes.
Le détachement maintenu sur le sol ivoirien pourrait participer à la réorganisation de l'armée ivoirienne, a-t-on ajouté.
Conformément à ce qu'il a appelé sa "nouvelle politique africaine", Nicolas Sarkozy a affirmé que les troupes tricolores n'avaient pas "vocation à assurer la stabilité de quelque gouvernement que cela soit, fût-il un gouvernement ami" ou à "intervenir dans les affaires des Etats africains".
Il en a aussi profité pour justifier à nouveau l'intervention controversée de la force Licorne, sous mandat de l'ONU, décisive dans la chute de Laurent Gbagbo."Nous sommes intervenus parce que la communauté internationale nous l'a demandé", a-t-il répété.
Et le président français a renouvelé son soutien à M. Ouattara, dont la victoire à la présidentielle de novembre avait été reconnue par la quasi-totalité de la communauté internationale.Qualifiant de "hold-up électoral" le refus de M. Gbagbo de quitter le pouvoir, il a souligné que "la démocratie (n'était) pas un privilège réservé aux pays occidentaux".
Enfin, Nicolas Sarkozy a exprimé "la confiance de la France" en Alassane Ouattara pour relever les "défis" de la relance économique et de la réconciliation d'un pays déchiré par des années de crise politico-militaire.
Lors de son discours d'investiture, le nouveau dirigeant ivoirien a promis de "rassembler les Ivoiriens" et, comme nombre de ses partisans l'ont crié à Yamoussoukro au passage du président français, dit "merci" à Nicolas Sarkozy au nom du "peuple ivoirien".
Sur le plan économique, le chef de l'Etat français a confirmé que la France annulerait l'équivalent de la moitié de la dette ivoirienne à son égard si la Côte d'Ivoire parvenait à un accord avec les institutions financières dans le cadre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).Cet engagement "dépassera 2 milliards d'euros", a-t-il précisé.
Enfin, Nicolas Sarkozy a dit qu'il voulait "croire" que les deux Français enlevés le 4 avril à Abidjan étaient toujours vivants."Ceux qui ont fait ça auront à rendre des comptes", a-t-il promis.
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