Cette décision est susceptible de concerner de nombreuses ONG auxquelles la France continuait à apporter son soutien en dépit de l'abrupte dégradation des relations entre les deux pays depuis plus d'un an. Le Premier ministre par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, la justifie, dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, par l'annonce récente par la France qu'elle avait suspendu son aide publique au développement à destination du Mali. Le ministère français des Affaires étrangères avait invoqué le recours au groupe paramilitaire russe Wagner des autorités maliennes. La junte arrivée au pouvoir par la force en août 2020 a constamment nié avoir fait appel à cette société aux agissements décriés dans plusieurs pays. Elle parle d'instructeurs de l'armée russe déployés au nom d'une ancienne collaboration entre les deux pays. Le Quai d'Orsay avait précisé que la France maintenait son "aide humanitaire" et quelques soutiens à des organisations de la société civile maliennes. Le colonel Maïga dénonce dans son communiqué des "allégations fantaisistes" et un "subterfuge destiné à tromper et manipuler l'opinion publique nationale et internationale aux fins de déstabilisation et d'isolement du Mali". "En conséquence, le gouvernement de la transition décide d'interdire, avec effet immédiat, toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali sur financement ou avec l'appui matériel ou technique de la France, y compris dans le domaine humanitaire", dit-il. Une multitude d'ONG oeuvrent au Mali dans les domaines de la santé, de l'alimentation ou de l'éducation. Le pays, pauvre et enclavé, fait face depuis 2012 à la propagation jihadiste et aux violences de toutes sortes, mais aussi à une crise politique et humanitaire grave. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées par le conflit. Depuis mai 2021 et un second coup d'Etat confortant leur emprise, les colonels se sont détournés de la France, poussée vers la sortie et dont le dernier soldat a quitté le pays en août après neuf ans d'engagement contre les jihadistes au côté de l'armée malienne. Les colonels se sont tournés militairement et diplomatiquement vers Moscou. Un collectif d'ONG dont CCFD Terre-Solidaire, Handicap International, Médecins du Monde et Oxfam, avait exprimé son inquiétude devant la suspension par la France de son aide. Destinataires d'une importante partie de ces financements, ces ONG s'alarmaient dans une lettre au président Emmanuel Macron du fait que la suppression de tels financements n'entraîne "l'arrêt d'activités essentielles, voire vitales (...) au profit de populations en situation de grande fragilité ou de pauvreté". Elles rappelaient que 7,5 millions de Maliens avaient besoin d'assistance, "soit plus de 35% de la population", et que le Mali figurait en 184e position au classement de l'indice de développement humain.
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