La création d'un "tribunal hybride", sous l'égide de l'Union africaine mais incluant également des magistrats sud-soudanais, pour poursuivre les auteurs de crimes et d'abus des droits humains durant ce conflit est prévue dans un accord de paix de 2015, confirmée en 2018. Mais elle n'a jamais été concrétisée. Le gouvernement et les forces rebelles ont notamment été accusés de viols collectifs, de massacres ethniques et d'enrôlement d'enfants soldats durant cette guerre qui a dévasté la plus jeune pays du monde, faisant près de 400.000 morts et des millions de déplacés. "La formation de ce tribunal n'aurait pas dû être retardée depuis aussi longtemps. L'UA doit prendre des mesures audacieuses attendues depuis longtemps", affirme Muleya Mwananyanda, directeur d'Amnesty pour l'Afrique orientale et australe, dans un communiqué avec le Groupe de travail sud-soudanais sur la justice transitionnelle, une coalition d'organisations de la société civile et de groupes religieux. "L'échec de la création du tribunal hybride reflète un manque de volonté politique au sein du gouvernement du Soudan du Sud de tenir pour responsables les principaux auteurs de crimes graves, qui sont susceptibles d'inclure de hauts responsables politiques et militaires", ajoute-t-il. Deux ans après son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a plongé dans la guerre après que le président Salva Kiir a accusé son vice-président Riek Machar de fomenter un coup d'État. Le conflit qui a suivi a été marqué par des violences ethniques à grande échelle entre les communautés Nuer de Riek Machar et Dinka de Salva Kiir. Des enquêteurs de l'ONU ont averti que des actes de nettoyage ethnique avaient pu avoir lieu dans le pays, où le viol et la famine ont été utilisés comme armes de guerre et où des civils ont été assassinés en masse. Un accord de paix signé en 2018 a prévu la création d'un gouvernement d'union nationale, formé en février 2020 avec Kiir au poste de président et Machar comme vice-président. Le gouvernement est accusé de bloquer la création d'un tribunal pour juger d'éventuels crimes de guerre et de faire obstruction aux efforts pour faire juger leurs responsables. "Etant donné la réticence du gouvernement du Soudan du Sud à traduire en justice les auteurs et l'absence de mécanismes de protection des victimes et des témoins, (...) le tribunal doit être situé dans un autre État africain, mais son statut devrait prévoir la possibilité de tenir des audiences au Soudan du Sud", estime James Ninrew, président du groupe de travail sur la justice transitionnelle. Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA, organe en charge des conflits et questions de sécurité au sein de l'organisation, tient une réunion sur le Soudan du Sud le 30 novembre.
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