"Nous savons qu'il est caché. Mais qu'il sorte de sa cachette et il sera arrêté", a dit à l'AFP un responsable policier sous le couvert de l'anonymat. Aristide Gomes, 68 ans, chef de gouvernement entre 2018 et 2020, vit sous protection ou à l'étranger depuis l'accession contestée d'Umaro Sissoco Embalo à la présidence de ce pays à la vie politique tumultueuse en 2020. M. Embalo exerce actuellement la présidence de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest, forte de 15 pays. Après des mois de confusion, la communauté internationale avait fini par entériner en 2020 le fait accompli de son accession à la présidentielle, malgré la persistance de la contestation. Aristide Gomes, figure du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), qui domine la vie politique depuis 1974, avait dénoncé les conditions dans lesquelles M. Embalo s'était fait investir. Encore Premier ministre, il avait été limogé par M. Embalo. Aristide Gomes avait trouvé refuge en mars 2020 au bureau des Nations unies, où il était resté onze mois jusqu'en février 2021. Il avait pu quitter le pays sur intercession internationale. Il vivait dernièrement en France. Il est rentré en fin de semaine passée pour participer au congrès du PAIGC. Des policiers ont fait irruption vendredi dans la salle pour l'arrêter. Il est parvenu à s'échapper, protégé par des dizaines de militants de son parti. Il se cache depuis. Il a envoyé lundi un message où il dit craindre pour sa vie. Il dit aussi être recherché pour avoir accusé des dirigeants actuels d'être impliqués dans le trafic de drogues. La justice a lancé un mandat d'arrêt contre lui. Il est recherché pour des malversations financières présumées remontant à 2019 quand il était encore Premier ministre, indique un magistrat du parquet sous le couvert de l'anonymat. "Il est en bonne santé, mais nous ne l'avons pas encore vu", a déclaré un de ses avocats, Me Carlos Pinto Pereira. "Nous sommes prêts à le conduire devant un juge d'instruction si toutes les procédures sont respectées", a-t-il ajouté. Des agents en civil sont postés discrètement sur les principales voies de sortie de la capitale, a constaté un correspondant de l'AFP. Une surveillance côtière a aussi été mise en place, a dit un garde-côte à l'AFP. Depuis son indépendance en 1974, cette ancienne colonie portugaise a connu une multitude de putschs et de tentatives de coup de force, le dernier datant du 1er février 2022. La Guinée-Bissau reste le théâtre de tensions entre la présidence, le Parlement et les partis. Le président avait annoncé des élections anticipées pour le 18 décembre après avoir dissous le Parlement. Mais la tenue du scrutin à cette date reste sujette au doute.
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