Les ministres européens des Affaires étrangères ont étendu lundi leurs sanctions contre le régime du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et fait un geste supplémentaire envers les insurgés de Benghazi, selon des sources diplomatiques.
Les gels d'avoirs et les interdictions de visa qui visent déjà le colonel Kadhafi, son entourage et des sociétés soupçonnées de financer son régime ont été étendus lundi à un membre de l'entourage de Mouammar Kadhafi, ainsi qu'à une compagnie aérienne libyenne, a indiqué un diplomate européen.
"L'UE a décidé d'intensifier ses efforts afin de bloquer l'accès du régime de Kadhafi à des ressources et à des fonds (...) en particulier pour empêcher le régime de renflouer son arsenal militaire et de recruter des mercenaires", indique une déclaration adoptée lundi par les ministres à Bruxelles.
Par ailleurs, au lendemain de l'ouverture à Benghazi, fief de la rébellion contre le régime de Tripoli, d'un bureau de l'Union par la haute représentante de l'UE aux Affaires étrangères, Catherine Ashton, l'UE a fait un geste symbolique supplémentaire envers les insurgés regroupés au sein du conseil national de transition (CNT).
La déclaration adoptée lundi mentionne en effet le CNT comme "un interlocuteur politique clé représentant les aspirations du peuple libyen", ce qui rapproche l'UE d'une reconnaissance en bonne et due forme.
Si le Parlement européen plaide depuis longtemps en faveur d'une reconnaissance du CNT comme unique interlocuteur en Libye, seuls la France, le Qatar, l'Italie, la Gambie et le Royaume-Uni l'ont fait.
Dimanche, en marge de sa visite à Benghazi, Mme Ashton a promis aux rebelles que les 27 les soutiendraient aussi longtemps que souhaité.
Une ambassade de l'Union européenne sera ouverte à Tripoli comme c'était déjà prévu avant le début de la crise en Libye, "dès que les circonstances le permettront", ont assuré lundi les ministres à Bruxelles.
Les 27 n'excluent pas d'utiliser des avoirs libyens gelés pour répondre aux besoins humanitaires de la population libyenne.
En parallèle, la commissaire européenne en charge de l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva, a décidé d'octroyer 20 millions d'euros supplémentaires d'aide humanitaire, portant la contribution de Bruxelles à 70 millions d'euros (et celle de l'Union européenne à 125 millions si l'on inclut la contribution des Etats membres).L'UE est "de loin le plus grand contributeur", a-t-elle précisé à des journalistes.
Le flot des réfugiés approche des 850.000 personnes, dont de plus en plus de Libyens, même si leur nombre reste limité (quelque 55.000), a précisé Mme Georgieva.
La situation humanitaire est préoccupante dans les zones montagneuses où se déroulent des combats, mais aussi dans les zones contrôlées par le régime, y compris Tripoli, où "nous recevons des signes que les conditions deviennent de plus en plus dures car les sanctions commencent à faire de l'effet", a-t-elle souligné.
De fait, il ne s'agit pas uniquement de l'accès au pétrole, qui se traduit aussi sur l'approvisionnement en électricité et en eau potable, mais aussi des flux de nourriture, car le pays est très dépendant de ses importations alimentaires, a précisé la commissaire européenne.
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