Le chef du gouvernement Patrice Trovoada avait affirmé vendredi 25 novembre que quatre assaillants avaient été capturés après six heures d'échanges de tirs au quartier général de l'armée dans la capitale Sao Tomé, ainsi que deux "commanditaires" arrêtés plus tard chez eux, dont l'ex-président de l'Assemblée nationale sortante et opposant Delfim Nevès. Le même jour, de nombreuses photos et vidéos, non authentifiées par l'AFP, circulaient abondamment sur les réseaux sociaux. Elles prétendaient montrer des actes de torture, et des interrogatoires musclés de trois des assaillants et de l'un des "commanditaires" présumés, Arlécio Costa, opposant et ancien mercenaire, par des hommes en treillis militaires. Puis d'autres images prétendaient montrer les quatre mêmes hommes décédés. Deux jours plus tard, l'armée annonçait que trois des quatre assaillants avaient été tués dans une "explosion", sans plus de détails, qu'Arlécio Costa avait péri "en sautant d'un véhicule", et que 12 militaires ayant "participé" à la tentative de putsch avaient été arrêtés. "Le gouvernement de Patrice Trovoada, compte tenu de la gravité des actes et d'un déchaînement de violations des droits humains, a ordonné au ministère de la Justice (...) de demander aux autorités judiciaires d'enquêter sur des actes cruels, dégradants et inhumains perpétrés contre des individus à l'état-major des armées et dont les images ont choqué et indigné la société", écrit STP-Press en citant une note du gouvernement. La note gouvernementale précise que ces actes présumés ont été perpétrés "sur des individus impliqués dans la tentative de coup d'Etat et l'assaut contre l'état-major" du vendredi 25 novembre. M. Trovoada avait affirmé devant les caméras que l'armée avait déjoué une "tentative de coup d'Etat" et que quatre assaillants capturés avaient "dénoncé" MM. Nevès et Costa comme étant les "commanditaires". Mais des Santoméens et des ONG locales multiplient, depuis, les posts sur les réseaux sociaux soulevant des "zones d'ombres" dans les faits et leur chronologie, et les commentaires acerbes ou horrifiés sur les photos et vidéos diffusées. M. Nevès, remis en liberté sous contrôle judiciaire mardi, a dénoncé le lendemain devant la presse un "simulacre" destiné à "éliminer" physiquement des "personnalités politiques gênantes" dont il "fait partie". Et accusé ses auteurs d'avoir tué ceux qui pouvaient les confondre, M. Costa et les trois assaillants. Sao Tomé-et-Principe, petit archipel très pauvre du Golfe de Guinée, indépendant du Portugal depuis 1975, est considéré comme un modèle de démocratie parlementaire en Afrique, où les alternances au pouvoir se font sans heurts depuis la fin du régime du parti unique en 1991. Et malgré deux tentatives de coups d'Etat, en 2003 et 2009, dans lesquelles, déjà, Arlécio Costa avait été impliqué, arrêté et condamné puis gracié.
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