Parmi les artistes présents dans cette exposition intitulée "Sur le fil" figure le jeune Malien Alassane Koné. Assis dans une vaste pièce de l'espace Trames, fourmilière artistique et culturelle au coeur de la capitale sénégalaise où il travaille à quelque distance de l'IFAN, il tire avec agilité un fil de laine avec ses doigts. Baigné par la lumière du jour, il le pique sur un morceau de tissu. Peu à peu, un visage brodé se forme devant ses yeux. "Mon inspiration vient de mon environnement, des liens que nous passons entre nous, comme des fils" que nous tissons, explique-t-il à l'AFP. Deux de ses tableaux sont exposés à "Sur le fil". "ça me donne de l'espoir et puis des rêves parce que j'ai envie d'exposer hors de mon pays", dit-il. Pour la maison de luxe française, cet événement est dans la continuité de son défilé Métiers d'art, transporté pour la première fois en Afrique et à Dakar début décembre. "C'était quelque chose qui nous manquait, d'avoir un pied quelque part en Afrique, d'avoir cette collaboration artistique avec ce hub créatif que représente Dakar", souligne Bruno Pavlovsky, président mode de Chanel. "On voulait aller un petit peu plus loin, sortir des codes de la maison Chanel, et ouvrir cette exposition sur cette créativité, ce dialogue qui fait travailler des artistes de tous horizons", indique-t-il. Une vingtaine d'artistes, pour la plupart ouest-africains, sont exposés dans l'un des deux bâtiments du musée Théodore-Monod de Dakar. Le parcours de visite thématique cartographie certains savoir-faire sénégalais, avec notamment une section sur la teinture indigo qui continue d'être modernisée par de jeunes artistes, et un focus sur la Casamance, dans le sud du pays, berceau de la tradition du pagne tissé mandjak. "Dans les religions animistes, la divinité a offert à l'homme la parole et le tissage en même temps, comme un moyen de transmission", souligne Riad Fakhri, programmateur de l'exposition. "Peut-être qu'on va susciter des vocations. Il y a des métiers de la main au Sénégal qui étaient peut-être oubliés et qui vont (...) susciter un regain d'intérêt", espère-t-il.
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