Les élections de dimanche dernier, qui se sont déroulées dans le calme, faisaient office de test clé pour le petit pays d'Afrique de l'Ouest, jadis perçu comme un modèle de démocratie.Si les partisans du président Talon, au pouvoir depuis 2016, estiment qu'il a favorisé le développement économique, l'opposition souligne qu'il y a fait reculer la démocratie en muselant ses opposants.
D'après la Cena, l'Union progressiste pour le renouveau (UP-R) et le Bloc républicain (BR), partis de la mouvance présidentielle, ont respectivement obtenu 53 et 28 sièges, soit au total 81 des 109 sièges du parlement, contre 28 pour le principal parti d'opposition, Les Démocrates.
Les résultats définitifs de ces législatives sont attendus vendredi.
Le scrutin s'est déroulé dans le calme et conformément aux règles en vigueur, selon une mission d'observation de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
Les dernières législatives organisées en 2019 avaient été marquées par des violences meurtrières, une abstention record (plus de 70%) et une coupure totale de l'internet, des faits rarissimes au Bénin.
L'opposition n'avait pu y participer en raison d'un durcissement des règles du scrutin. Seules deux formations de la mouvance présidentielle avaient été autorisées à concourir, donnant lieu à un Parlement entièrement acquis au président Talon.
M. Talon, un richissime homme d'affaires, a été élu président en 2016, et réélu en 2021.Depuis, ses principaux opposants ont été soit emprisonnés, soit forcés à l'exil.
- Campagne pacifiée -
Deux des principaux adversaires de M. Talon, le constitutionnaliste Joël Aïvo et l'ancienne garde des Sceaux Reckya Madougou, ont été condamnés à de lourdes peines et sont toujours détenus.Ils ont été condamnés après avoir été jugés par une cour spéciale dédiée au terrorisme et aux crimes économiques, le CRIET, que les adversaires du président jugent instrumentalisée pour briser l'opposition.
Le Bénin, à l'instar d'autres pays du Golfe de Guinée comme le Ghana, le Togo et la Côte d'Ivoire, est de plus en plus confronté aux violences de groupes jihadistes aux abords de sa frontière nord avec le Burkina Faso et le Niger.
Le parti des Démocrates a d'ores et déjà annoncé qu'il proposerait au parlement une loi d'amnistie pour permettre la libération des opposants politiques et le retour au pays des exilés.
Cette année, sept partis politiques, dont trois se réclamant de l'opposition, ont été autorisés à participer aux législatives.
Au terme d'une campagne pacifiée, quelque 6,6 millions d'électeurs étaient appelés dimanche à désigner les 109 députés, dont au moins 24 femmes - au moins une par circonscription - selon le nouveau Code électoral.
En accord avec le système proportionnel, seuls l'UP-R, le BR et Les Démocrates se partagent les sièges du parlement, ces trois partis ayant recueilli plus de 10% des suffrages.
Les leaders de l'opposition, qui visaient un retour au parlement dans la perspective de la présidentielle de 2026, où les candidats devront être soutenus par des parlementaires pour être enregistrés, ont félicité leur supporters pour leur mobilisation.
Le scrutin intervient par ailleurs alors que le mandat des juges de la Cour constitutionnelle, qui joue un rôle crucial dans la supervision des élections, doit s'achever cette année, et que la prochaine présidentielle aura lieu dans trois ans.Trois de ces juges sont nommés par les parlementaires, et trois par le président.
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