Les chefs des Etats membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ou leurs représentants se sont réunis en sommet avec à l'agenda le sort de ces soldats, source d'une grave crise entre le Mali et la Côte d'Ivoire, deux pays membres, mais aussi les suites des coups d'Etat qui ont agité la région depuis deux ans au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.
"Nous demandons aux autorités maliennes au plus tard au 1er janvier 2023 la libération des soldats ivoiriens", a dit à des journalistes Omar Touray, président de la commission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
A défaut, la Cédéao prendra des sanctions, a dit un diplomate ouest-africain à un correspondant de l'AFP sous le couvert de l'anonymat.M. Touray a également déclaré que la Cédéao se réservait d'agir si les soldats ne recouvraient pas la liberté avant le 1er janvier.
Le président togolais Faure Gnassingbé, qui joue les bons offices entre le Mali et la Côte d'Ivoire dans cette crise, se rendra au Mali pour "exiger" la libération des soldats, a ajouté le diplomate ouest-africain.
Le Mali livre un bras de fer à la Côte d'Ivoire et la Cédéao depuis qu'il a arrêté le 10 juillet 49 soldats ivoiriens à leur arrivée à Bamako.Trois ont été relâchés depuis.
La Côte d'Ivoire et l'ONU affirment que ces soldats devaient participer à la sécurité du contingent allemand des Casques bleus au Mali.Mais Bamako dit les considérer comme des "mercenaires" venus attenter à la sûreté de l'Etat.
- Respecter les délais -
La Cédéao avait décidé lors d'un sommet extraordinaire en septembre de dépêcher au Mali une délégation de haut niveau pour tenter de dénouer la crise.Mais aucun progrès n'a été rapporté après cette mission menée fin septembre.
Les dirigeants ouest-africains se sont aussi penchés sur la situation au Mali, au Burkina Faso et en Guinée, trois pays dans lesquels les militaires ont pris le pouvoir par la force depuis 2020.
La Cédéao, inquiète d'instabilité et de contagion, fait pression depuis des mois pour un retour aussi rapide que possible des civils à la tête de ces pays, dont deux, le Mali et le Burkina, sont gravement ébranlés par la propagation jihadiste.Le Mali et le Burkina ont été le théâtre de deux putsch en l'espace de moins d'un an.
Les trois pays sont suspendus des organes décisionnels de la Cédéao.
Les militaires se sont engagés sous la pression à céder la place au bout de deux ans et d'une période dite de transition au cours de laquelle ils disent tous vouloir "refonder" leur Etat.
Les dirigeants ouest-africains ont examiné les actes accomplis par les uns et les autres sur la voie de ce qu'ils appellent un "retour à l'ordre constitutionnel".
Au Mali, "Il faut absolument que l'ordre constitutionnel revienne dans les délais prévus", a dit M. Touray.Si les militaires maliens respectent l'échéance annoncée de mars 2024 après des mois de confrontation politique avec la Cédéao et un sévère embargo commercial et financier aujourd'hui levé, la "transition" aura en fait duré trois ans et demi.
En Guinée, M. Touray a pressé la junte d'associer tous les partis et la société civile au processus devant ramener les civils au pouvoir.Les principaux partis et une bonne partie de la société civile boycottent l'offre de dialogue des autorités.
Quant au Burkina, M. Touray a exprimé "les sérieuses inquiétudes" de la Cédéao devant l'évolution sécuritaire et la crise humanitaire.Il a affirmé "la volonté de soutenir le Burkina qui traverse une crise majeure".
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