Des images satellite du projet Sentinelle montrent que des "crimes de guerre" ont été commis dans la région disputée d'Abyei, à la frontière du Nord et du Sud-Soudan, occupée depuis samedi par les troupes nordistes que le président soudanais refuse de retirer.
"Ces images fournissent des preuves documentées de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Abyei", a déclaré mercredi John Bradshaw, directeur du groupe Enough Project, qui soutient le projet satellitaire Sentinelle.
Le "Satellite Sentinel Project" a été lancé dans le but de surveiller l'émergence de violences après le référendum sur l'indépendance du Sud-Soudan organisé en janvier. L'ONG co-fondée par M. Clooney "Not On Our Watch", le programme satellite de l'ONU UNOSAT, le géant de l'internet Google et différentes ONG humanitaires font partie du projet
Les images montrent "des attaques par des véhicules blindés et la destruction de villages".
"Il y a une accumulation de chars, d'hélicoptères" et un "déploiement de forces le long des principales rues d'Abyei, indiquant que l'invasion d'Abyei était préméditée et bien planifiée", a ajouté le groupe dans un communiqué.
Les chars nordistes ont pris possession samedi d'Abyei en violation des accords de paix qui avaient mis fin en 2005 à la guerre civile entre le Nord, musulman et arabe, et le Sud, principalement chrétien et noir.
Plus de 15.000 personnes ont fui depuis samedi les combats à Abyei --région au coeur d'une lutte pour l'accès à l'eau mais aussi de rivalités tribales historiques --, selon l'ONU.
Quatre hélicoptères, de la mission des Nations unies au Soudan (Unmis), ont été visés par des tirs mardi après-midi, alors qu'ils quittaient leur base dans la ville d'Abyei.Ils n'ont pas été touchés et ont pu atterrir sans encombre, selon un communiqué de l'ONU reçu mercredi.
Alors que la communauté internationale réclame le retrait de ses troupes, le président soudanais Omar el-Béchir a affirmé mardi soir qu'"Abyei (était) une terre soudanaise du Nord"."Nos forces armées ne se retireront pas de cette terre", a-t-il martelé.
"En cas de provocation, j'ai donné le feu vert aux troupes pour y répondre", a-t-il ajouté, en se disant "disposé à une nouvelle guerre".
Avant lui, le ministre soudanais de la Défense, Abdelrahim Mohammed Hussein avait déjà affirmé que l'armée soudanaise "restera à Abyei pour maintenir la sécurité et la stabilité jusqu'à ce qu'une décision politique soit prise".
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, avait jugé mardi "crucial que les hostilités cessent immédiatement et que les forces nordistes se retirent d'Abyei pour éviter que le CPA (accord de paix de 2005) subisse un sérieux revers".
"Nous exigeons le retrait total, inconditionnel et immédiat des forces nordistes", avait déclaré de son côté l'ambassadeur des Etats-Unis auprès du Conseil de sécurité de l'ONU, Susan Rice, lors d'une visite d'une délégation du Conseil dans la capitale sudiste, Juba.
Les autorités sudistes ont également demandé que les forces armées soudanaises mettent "fin à leur occupation illégale".
L'option d'une sécession du Sud-Soudan a obtenu lors d'un référendum en janvier une victoire écrasante, ouvrant la voie à son indépendance prévue en juillet.
La population d'Abyei devait choisir lors de ce même référendum son rattachement au Nord ou au Sud.Mais le scrutin a été reporté sine die, en raison d'un différend sur le droit de vote des électeurs.
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