Selon cette enquête, l'armée nigériane mène depuis 2013 un programme "d'avortements secrets, systématiques et illégaux dans le nord-est du pays, mettant fin à au moins 10.000 grossesses chez des femmes et des jeunes filles, dont beaucoup avaient été enlevées et violées par des combattants jihadistes". "La plupart des avortements" ont été pratiqués sans le consentement de ces femmes, "souvent" à leur insu, rapportent les journalistes qui s'appuient sur les témoignages de 33 femmes et jeunes filles, cinq travailleurs de santé et neuf personnels de sécurité impliqués dans ce programme, mais aussi sur des documents militaires et des registres d'hôpitaux. Les femmes et les filles étaient enceintes de quelques semaines à huit mois. "Certaines n'avaient que 12 ans", affirme cette enquête. Selon les témoignages recueillis par les journalistes, les soldats assuraient aux femmes que les pilules et les injections données "étaient destinées à rétablir leur santé et à combattre des maladies telles que le paludisme". "Dans certains cas, les femmes qui résistaient étaient battues, frappées à coups de bâton, tenues en joue ou droguées pour qu'elles obéissent", ajoute cette enquête. L'armée, dans un document de cinq pages cité dans l'enquête de Reuters et consulté mercredi par l'AFP, nie l'existence d'un tel programme. Elle assure que sa mission est de protéger les civils, et affirme que l'enquête est "une insulte aux Nigérians et à leur culture". Au Nigeria, la religion tient une place centrale, que ce soit dans le nord à majorité musulmane ou dans le sud à majorité chrétienne. L'avortement y est illégal, sauf lorsque la vie de la mère est en danger. Dans le nord, il est passible de 14 ans d'emprisonnement, rappelle l'enquête de Reuters. Dans sa réaction, l'armée nigériane martèle qu'elle ne peut être à l'origine d'un "programme aussi maléfique" et "certainement pas sur (son) propre sol". Les avortements forcés peuvent "constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité", avance Reuters qui a consulté quatre experts juridiques. Confrontés à une insécurité généralisée - dont l'insurrection jihadiste de Boko Haram et de l'Etat islamique dans le nord-est --, les Nigérians éliront le 25 février un successeur au président Muhammadu Buhari, qui ne se représente pas après deux mandats, comme le prévoit la Constitution.
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