Le 17 février dernier, quelques jours après son installation à la mairie de Ziguinchor, l'opposant Ousmane Sonko avait rebaptisé plusieurs rues de la ville en mémoire des "tirailleurs africains" et d'autres célébrités locales. "Six décennies après notre indépendance (de la France), le maintien de certains noms est une offense à notre dignité nationale", avait justifié le conseil municipal. Mais "la chambre administrative a annulé toutes les délibérations du conseil municipal de Ziguinchor du 17 février 2022", dit la décision de la Cour suprême. "Le préfet avait formulé un recours pour contester la légalité de nos délibérations relativement à la rebaptisation des rues. La Cour suprême lui a donné raison. Mais nous allons attirer l'attention sur les manquements graves du point de vue de la procédure", a confirmé à l'AFP Abdou Sané, conseiller municipal délégué à Ziguinchor, chargé notamment de l'urbanisme. En vertu de la rebaptisation des noms, la "rue du général de Gaulle" devenait "rue de la paix" tandis que l'"avenue du capitaine Javelier" était rebaptisé "avenue du tirailleur africain", en hommage aux soldats africains qui ont combattu pour la France lors des Guerres mondiales. La rue "Thiaroye 44", du nom d'un lieu proche de Dakar où l'armée française massacra en décembre 1944 des "tirailleurs" réclamant le paiement de soldes, remplaçait la "rue du lieutenant Lemoine". La "rue du lieutenant Truch", autre figure française, changeait pour porter le nom de Séléki, en souvenir d'une bataille remportée en 1886 sur les troupes coloniales françaises par des résistants dans ce village dans la région éponyme de Ziguinchor, selon des historiens. Ousmane Sonko, candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2024, tient un discours à la fois souverainiste, panafricaniste et social. Il dénonce souvent les relations, selon lui inégales, entre les entreprises françaises et la France et ses anciennes colonies africaines. Comme dans d'autres pays, la mort aux Etats-Unis de George Floyd et les manifestations qu'elle a provoquées en 2020 à travers le monde ont ravivé au Sénégal le débat sur la persistance des références à l'époque coloniale.
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