"Le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë a continué d'augmenter pour la troisième année consécutive", indique l'ONU dans un rapport publié dimanche, recensant quatre millions d'enfants de moins de cinq ans et de femmes enceintes et allaitantes qui auront besoin de "soins vitaux" pour survivre à la faim. Avec "13,6% de la population" en situation d'insécurité alimentaire aiguë, "le Soudan est l'un des pays les plus touchés au monde", poursuit l'ONU, soulignant que deux millions de personnes avaient souffert de la faim rien qu'en 2022. En raison d'une économie en chute libre depuis le putsch d'octobre 2021 et de la suspension de l'aide internationale qui a suivi, "environ 15,8 millions de personnes auront besoin d'une aide humanitaire, soit 1,5 million de plus qu'en 2022, la plus forte augmentation depuis 2011", rapporte l'ONU. Dans l'un des pays les plus menacés au monde par le changement climatique, les inondations ont encore touché 349.000 personnes en 2022 tandis que la dengue et le paludisme prospèrent dans les eaux stagnantes: "le seuil épidémique du paludisme a été franchi dans 14 (des 18) Etats du Soudan en 2022, deux fois plus qu'en 2021", selon l'ONU. Avec 3,7 millions de déplacés, pour les deux tiers depuis 10 ou 20 ans, 314.000 Soudanais ont rejoint les rangs des familles ayant quitté leur village en 2022, notamment du fait de conflit tribaux ou pour l'accès à la terre ou à l'eau qui ont fait près d'un millier de morts et réduit en cendres des centaines de villages, de cultures et de troupeaux. Les violences, la crise économique et la gabegie ont en outre achevé des services publics déliquescents depuis des décennies: un Soudanais sur trois doit marcher plus d'une heure pour trouver un établissement mécical, où généralement moins de 30% des médicaments essentiels sont disponibles aujourd'hui, contre 43% en 2021, selon l'ONU. L'eau est aussi de plus en plus rare: "environ 26% des habitants disent marcher plus de 50 minutes pour trouver de l'eau, ce qui les expose à des risques sécuritaires, en premier lieu les femmes". Quant aux écoles, "46% n'ont pas assez d'eau potable et 71% n'ont pas d'installations sanitaires" et, surtout, "70% des enfants de 10 ans ne peuvent ni lire ni comprendre une phrase simple". Parmi les réfugiés, le deuxième plus gros contingent d'Afrique, "70% des enfants en âge d'aller en primaire sont déscolarisés et 90% au secondaire", ajoute encore l'ONU.
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