Le dirigeant du Sud-Soudan Salva Kiir a exclu jeudi un retour à la guerre civile avec les anciens ennemis du Nord et à appelé l'armée soudanaise à se retirer de la région d'Abyei, où de nouveaux clichés montreraient des "pillages organisés" selon une ONG américaine.
"Nous ne reviendrons pas à la guerre, cela n'aura pas lieu.Nous avons suffisamment combattu (...), nous avons fait la paix", a déclaré M. Kiir, président du gouvernement semi-autonome, au cours d'une conférence de presse à Juba, capitale du Sud-Soudan.
"Nous sommes engagés en faveur de la paix", a assuré le chef sudiste qui s'exprimait publiquement pour la première fois depuis la prise d'Abyei par l'armée nordiste samedi.
"J'appelle mon président (Omar el-Béchir) à retirer ses forces d'Abyei", a lancé M. Kiir, qui est également le premier vice-président du Soudan.
Les SAF (Forces armées du Soudan) ont pris samedi le contrôle de la ville et se sont déployées jusqu'à plusieurs kilomètres plus au sud, en violation des accords de paix qui avaient mis fin en 2005 à la guerre civile entre le Nord musulman et le Sud chrétien.
Entre 30.000 et 40.000 personnes -en majorité des Sudistes de la tribu Dinka Ngok- ont fui ces combats et trouvé refuge plus au sud, en zone sous contrôle de la SPLA (armée sudiste), selon l'ONU qui a fait état de pillages et de maisons incendiées.
La mission de l'ONU a évoqué la présence sur place aux côtés de l'armée nordiste de miliciens "apparemment les Misseriya", une tribu arabe nomade traditionnellement alliée du pouvoir central nordiste.
Rivaux des Dinka Ngok, les Misseriya sont au coeur de la querelle sur Abyei, où ils migrent chaque année durant la saison sèche vers la rivière Bahr al-Arab, en quête de pâturages et d'eau pour leurs bétails.
Cette rivière, la "Kiir" selon sa dénomination sudiste, marque désormais la ligne de front entre les SAF et les forces sudistes.
L'ONG américaine Enough Project a diffusé jeudi de nouvelles photos de ce qu'elle présente comme des preuves des "pillages organisés" par ces milices Misseriya.
Ces photos, publiées sur internet et prises le 23 mai, montrent "des soldats nordistes aux côtés de miliciens en train de charger des camions de nourritures et autres biens pillés", selon Enough Project, pour qui "le gouvernement soudanais protège les milices qui pillent et brûlent Abyei".
Selon le ministre sudiste de l'Information, Barnaba Marial Benjamin, "des milliers de Misserya arrivent à Abyei, tandis que des Dinka Ngok qui vivent là fuient les attaques vers le sud".
Les Misseriya ont rejeté ces accusations
Mercredi, le projet satellitaire Sentinelle, soutenu par l'acteur américain George Clooney et dont Enough Project est partie prenante, avait déjà présenté des images satellite d'Abyei comme "des preuves documentées de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité".
"Si le président Béchir et ses forces veulent continuer à envahir d'autres parties du Sud-Soudan, ils devront le faire sous les yeux du monde entier", a commenté à ce propos le président du gouvernement sudiste.
"Les gens qui occupent actuellement (Abyei) sont des envahisseurs.A coup sûr ils quitteront Abyei", a-t-il assuré.
Pour Salva Kiir, la prise d'Abyei est "une surréaction de mon frère du Nord" (le président Béchir) à une embuscade sur un convoi des SAF le 19 mai.
Des tirs avaient alors visé une colonne de 200 soldats nordistes qui quittaient Abyei, sous escorte de Casques bleus zambiens de l'Unmis.
L'attaque avait été condamnée par l'ONU, l'armée nordiste avait affirmé avoir subi de "lourdes pertes", se servant de l'incident pour justifier son offensive sur Abyei deux jours plus tard.
Quoiqu'il arrive dans les prochaines semaines, "le Sud deviendra indépendant le 9 juillet, que le Nord reconnaisse ou non" cette indépendance, a par ailleurs M. Kiir, qui deviendra alors le président du nouvel Etat.
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