Devant l'ambassade de Côte d'Ivoire, ils sont une cinquantaine à camper sur l'herbe, dont 11 bébés et une femme enceinte.Avec quelques couvertures et entourés de leurs baluchons, certains dorment dehors depuis quatre jours, a constaté mardi l'AFP.
"On a besoin de couches, de lait pour bébé, on n'a rien à manger", déclare les traits tirés Rokhia Kone, 23 ans, son petit attaché dans le dos.
Plusieurs hommes montrent un quignon de pain rassis qui sera leur seul repas.
Une dame tunisienne a apporté une bâche alors que le froid est de retour.
"Où sont les ONG, les associations, le Croissant Rouge, les organisations internationales comme le HCR (le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU) ou l'OIM (l'Organisation internationale pour les migrations)?C'est une honte et une honte pour les Tunisiens", dit à l'AFP la militante Monia Ghozali Khraief.
Sur sa page Facebook suivie par 78.000 personnes, cette militante a lancé une collecte d'aide d'urgence.
Des dizaines de personnes étaient rassemblées mardi devant l'ambassade dont un bon nombre pour obtenir une carte consulaire afin de s'inscrire sur une liste ouverte depuis vendredi en vue d'un rapatriement volontaire.
"Au moins 500 personnes se sont inscrites pour repartir au pays" jusqu'à présent, indique à l'AFP Jean Bedel Gnabli, responsable d'une association d'Ivoiriens.
Certains sont enregistrés mais n'ont nulle part où aller car les propriétaires tunisiens ont reçu l'instruction d'expulser les migrants en situation irrégulière, sous peine de lourdes amendes.
"On veut rentrer car il fait froid, on veut retourner en Côte d'Ivoire", confie un père de famille.
Les candidats au retour pressent l'ambassade de négocier la levée des pénalités (80 dinars par mois, environ 25 euros) qu'ils doivent acquitter pour avoir dépassé les délais de séjour légaux.
- "Chassés de chez eux" -
A l'ambassade du Mali, ce sont une trentaine de ressortissants, également sans logement, qui sont "hébergés dans la chancellerie", dit à l'AFP un diplomate sous couvert d'anonymat.
"On recense ceux qui veulent partir.On avait déjà 200 personnes sur nos listes ce midi", précise-t-il.En attendant, outre ceux accueillis à l'intérieur, l'ambassade a "demandé aux Maliens en situation régulière d'être solidaires et d'en prendre chez eux".
Selon le diplomate, pour faire appliquer les mesures prises contre les migrants illégaux (expulsion des logements et de leur travail), "la police fait des rondes"."Les gens ne peuvent plus travailler et sont chassés de chez eux".
Le diplomate fait état d'âpres pourparlers entre Bamako et Tunis pour que les autorités tunisiennes "enlèvent les pénalités et permettent à nos compatriotes de rentrer"."Ensuite on ira les chercher y compris à Sfax ou Monastir pour les rapatrier", dit-il.
Le président tunisien Kais Saied a appelé le 21 février à des "mesures urgentes" contre l'immigration clandestine de ressortissants d'Afrique subsaharienne, affirmant que leur présence en Tunisie était source de "violence et de crimes" et relevait d'une "entreprise criminelle" destinée à changer la composition démographique du pays.
Le chef de la diplomatie tunisienne Nabil Ammar a affirmé à l'AFP lundi que son pays prônait "l'apaisement", tout en excluant de présenter des excuses après le tollé suscité par ce discours dénoncé comme "raciste et haineux".
Selon le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, la Tunisie, pays de 12 millions d'habitants, compte plus de 21.000 ressortissants de pays d'Afrique subsaharienne, en majorité en situation irrégulière.
Le diplomate malien a affirmé que malgré des propos officiels visant à rassurer, les agressions se poursuivaient avec notamment "un étudiant qui a eu le visage tailladé en pleine rue à Bizerte (nord) et des compatriotes insultés et pris à partie hier dans le quartier aisé de La Marsa" à Tunis.
"La Tunisie du président Bourguiba ne mérite pas un président comme Kais Saied", a dénoncé dans un communiqué mardi le Conseil supérieur de la diaspora malienne.Depuis Bamako, la diplomatie malienne a condamné des scènes "inacceptables de violence physique, expulsion de bâtiments ou d'expropriation de biens" de migrants en Tunisie.
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