"Macron assassin, Poutine au secours", scandaient les jeunes manifestants, qui se sont rassemblés devant l'ambassade de France avec des banderoles et pancartes disant "Macron parrain de la balkanisation de la RDC", "les Congolais disent non à la politique de la France" ou encore "Macron indésirable en RDC". La République démocratique du Congo (RDC), où le président français est attendu en fin de semaine, accuse son voisin le Rwanda de soutenir le "M23", rébellion active dans l'est - ce qui a été corroboré par des experts de l'ONU malgré les dénégations de Kigali -, et attend de la communauté internationale une condamnation claire de cette "agression". "Nous sommes ici pour dire non à l'arrivée d'Emmanuel Macron car la France est complice de notre malheur", a déclaré devant les journalistes Josue Bung, du mouvement citoyen "Sang-Lumumba", arborant la coiffure, avec raie sur le côté, du héros de l'indépendance congolaise Patrice Lumumba (1925-1961). Lundi, Emmanuel Macron a exposé à Paris sa stratégie africaine pour les prochaines années et, en réponse à une question sur la RDC, affirmé que la souveraineté et l'intégrité territoriale du pays "ne se discutent pas". Mais "il n'a pas mentionné le Rwanda, qui est notre agresseur!", lui ont reproché les manifestants. Les drapeaux russes signifient "qu'on n'a plus besoin de la France, nous souhaitons collaborer avec des partenaires fiables, comme la Russie ou la Chine", a lancé Bruno Mimbenga, un autre organisateur de la manifestation, au moment où la Russie concurrence de plus en plus la France dans sa sphère d'influence historique en Afrique. - "Un engagement clair" - Un peu à l'écart, une jeune femme, Fortune, a dit soutenir les manifestants. "La communauté internationale ne nous sert à rien", a-t-elle estimé: la France a condamné le soutien rwandais aux rebelles du M23, "mais c'est une condamnation de façade, il faut des sanctions!" Des mouvements citoyens prévoient également de manifester contre la France jeudi à Goma, dans l'est de la RDC où, selon des publications sur les réseaux sociaux, des jeunes se sont déjà filmés mercredi soir en train de brûler ou piétiner le drapeau français. "Nous avons brûlé le drapeau de la France (...) pour exprimer notre indignation vis-à-vis de l'appui financier que la France apporte au Rwanda pour financer les rebelles du M23 qui nous agressent", a expliqué à l'AFP un de ces militants. "L'opinion congolaise attend de la France un engagement clair pour le retour de la paix", a déclaré en fin de journée le porte-parole du gouvernement de RDC, Patrick Muyaya, interrogé lors d'un point de presse. Paris doit "condamner le Rwanda et prendre des mesures contre le Rwanda, pour que le Rwanda cesse d'agresser la République démocratique du Congo", a-t-il demandé. "Il n'y a pas de place pour l'ambiguïté, le mal est connu, il faut le nommer". "Nous voulons que la France clarifie sa position avec des mots clairs" et ensuite, "les autres questions pourront être abordées dans la plus grande sérénité", a ajouté Patrick Muyaya, en évoquant la forte délégation accompagnant le président français, qui comprend notamment "beaucoup d'entrepreneurs". La RDC sera la dernière étape d'un voyage d'Emmanuel Macron en Afrique centrale, qui l'a amené mercredi au Gabon pour un sommet sur la forêt et le conduira aussi en Angola et au Congo-Brazzaville.
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