"Cet âge de la Françafrique est bien révolu et j'ai parfois le sentiment que les mentalités n'évoluent pas au même rythme que nous quand je lis, j'entends, je vois qu'on prête encore à la France des intentions qu'elle n'a pas, qu'elle n'a plus", a-t-il lancé devant la communauté française au Gabon. "On semble encore aussi attendre d'elle des positionnements qu'elle se refuse à prendre et je l'assume totalement. Au Gabon comme ailleurs, la France est un interlocuteur neutre qui parle à tout le monde et dont le rôle n'est pas d'interférer dans des échanges de politique intérieure", a-t-il martelé. L'opposition gabonaise a accusé ces derniers jours le président français d'"adouber" le président Ali Bongo en se rendant à Libreville en pleine année électorale. Le chef de l'Etat avait esquissé lundi dans un discours à Paris sur la fin du "pré carré" français en Afrique la réorganisation du dispositif militaire français sur le continent, appelant à de nouveaux partenariats, loin des liens opaques et du soutien aux dirigeants en place. Prenant exemple sur le sommet pour la préservation des forêts tropicales, co-organisé par la France et le Gabon mercredi et jeudi à Libreville, M. Macron a répété sa volonté de "bâtir un partenariat équilibré" et de "porter des causes communes" avec les pays africains, sur le climat, la biodiversité ou les enjeux économiques et industriels du 21e siècle. Dans la matinée, il s'est rendu dans une forêt primaire proche de Libreville où le ministre gabonais des Eaux et Forêts, Lee White, lui a présenté la biodiversité locale et les risques de la déforestation. Il a goûté au passage de la noix de cola. "Elle chauffe les camionneurs la nuit, c'est comme de la caféine pour les étudiants", lui a raconté Lee White. Emmanuel Macron a par ailleurs assuré que la réduction de la présence militaire française annoncée lundi, après dix ans de concentration sur la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel ne constituait "ni un retrait, ni un désengagement". Il s'agit "d'adapter ce dispositif" en tenant compte de l'évolution des menaces et des "besoins" des pays partenaires et en offrant plus de "coopération et de formation", a-t-il explicité. "De manière très claire, les besoins sont là", a-t-il souligné, citant pour le golfe de Guinée la piraterie maritime, l'orpaillage clandestin, les "crimes environnementaux liés au trafic de stupéfiants", lui-même alimenté par un "mouvement terroriste qu'on connaît par ailleurs dans la région du lac Tchad", en référence aux groupes jihadistes Boko Haram et Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap). Ce réaménagement concerne les bases françaises à Libreville, Abidjan et Dakar, mais pas celle de Djibouti, plus tournée vers les partenariats de l'océan Indien. Il implique "la présence de davantage de militaires régionaux sur nos bases et donc de partager, de cogérer ces bases", a expliqué le président. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a précisé que les forces françaises allaient former plus de cadres africains en France ainsi qu'en Afrique, tout en réduisant leurs effectifs sur le continent. Le nouveau dispositif doit être arrêté d'ici le 14 juillet, a-t-il indiqué.
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