Côte d'Ivoire: Des activistes s'approprient le combat de la santé mentale

Infos. Dimanche, une vingtaine de femmes et d'hommes se sont retranchés sous le hangar de la fondation Amadou Hampâté Ba afin de discuter de sujets liés aux traumatismes des crises connues par la Côte d'Ivoire.

Côte d'Ivoire: Des activistes s'approprient le combat de la santé mentale
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Les grandes crises de 2001 et 2011 ont fait de nombreuses victimes en Côte d’Ivoire. S’il existe des données sur les morts et blessés de ces tragédies, il n’est pas encore commun de parler des victimes psychologiques.

« Une crise fait toujours mal. Ça laisse des traces dans les mémoires, des choses qu’on ne peut pas oublier », a constaté Eva Amegboh, activiste humanitaire. C’est pour cette raison qu’elle a mis sur pied une initiative en Côte d’Ivoire pour « parler entre nous » des blessures passées qui peinent à être cicatrisées. Cette initiative intervient dans le cadre du projet “Centrer les voix des jeunes activistes dans la prévention des atrocités" de l'organisation américaine Global Initiative for Justice Truth and Reconciliation (GIJTR).

A la fondation Amadou Hampâté Ba dimanche dernier, il s’est en effet s’agi d’un workshop sur la santé mentale et le soutien psychosocial des victimes d’atrocités. En partenariat avec le Collectif des activistes de Côte d'Ivoire et les associations He4She et Psytrotter, cet atelier avait pour ambition de faire prendre conscience aux participants que des services sont disponibles pour la prise en charge de leurs traumatismes.

« Les africains n’ont certes pas la culture de consulter des psychologues lorsqu’ils font face à des situations mentalement difficiles. Mais cela doit changer car la santé mentale devient de plus en plus problématique dans notre société », a alarmé Eddy Boga, animateur pendant les échanges. Pour avoir pris part à l’exécution du projet en Côte d’Ivoire, cet activiste et représentant de l’association He4She estime que les histoires de drame sont nombreuses et qu’il n'y a pas de « choc plus grand qu’un autre ».

Pendant des mois, ils ont en effet mené diverses opérations de terrains auprès de populations émotionnellement marquées par les grandes tragédies ivoiriennes. « C’est une bonne approche, parce qu’il est très important qu’ils se libèrent », a soutenu Junior Tra Bi, psychologue et animateur des échanges. Il a également expliqué qu’il n’est « pas normal qu’une personne ait assisté à des scènes de viol ou d’assassinat et qu’elle paraisse ne pas en être affectée ». Voir un professionnel psychologue ou un assistant social, c’est ce à quoi exhorte le jeune psychologue.

La vingtaine de participants ayant pris part au workshop a par ailleurs débuté cet exercice à travers des partages d’expériences en matière de dépression et troubles psychosociales.  C’est l’un des objectifs du projet qui ambitionne de promouvoir la culture psychologue auprès des populations ivoiriennes.

Notons qu’en 2017 il existait seulement 541 structures non-conventionnelles spécialisées en santé mentale contre seulement 35 établissements conventionnels selon les statistiques du Programme national de santé mental. Selon la même source, il y a moins de 60 psychologues reconnus officiellement par l’Etat de Côte d’Ivoire.

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