"Après le colonialisme politique, un +colonialisme économique+ tout aussi asservissant s'est déchaîné. Ce pays, largement pillé, ne parvient donc pas à profiter suffisamment de ses immenses ressources", a-t-il déploré, sous les applaudissements, lors d'un discours très politique devant les autorités et le corps diplomatique. "Otez vos mains de la République Démocratique du Congo, ôtez vos mains de l'Afrique! Cessez d'étouffer l'Afrique: elle n'est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser", a-t-il encore lancé dans les jardins du palais présidentiel. Cet appel résonne tout particulièrement en RDC, pays au sous-sol d'une immense richesse et à la terre fertile, dont les deux tiers des quelque 100 millions d'habitants vivent avec moins de 2,15 dollars par jour. Le "colonialisme économique" était le fait de multinationales et pays lointains, mais des pays voisins de la RDC sont désormais également accusés d'avoir pris le relais du pillage des ressources de la RDC, qui leur profite économiquement et alimente les conflits qui ensanglantent l'est congolais depuis des décennies. Très attendu sur la réponse aux conflits endémiques qui gangrènent l'est du pays, notamment dans le Nord-Kivu, le pape a exhorté les Congolais à ne pas "glisser dans le tribalisme et la confrontation" et "encouragé les processus de paix en cours" afin que "les engagements soient tenus". L'Angola a initié une médiation pour tenter d'apaiser les tensions entre la RDC et le Rwanda, accusé de soutenir la rébellion du M23 qui s'est emparée depuis l'année dernière de portions de territoire du Nord-Kivu et que des combats continuent d'opposer aux forces loyalistes et à des groupes armés. De son côté, le Kenya tente d'inciter au dialogue entre le pouvoir de Kinshasa et les dizaines de groupes armés actifs dans l'est depuis près de 30 ans. Mais ces processus ne se sont pour l'instant pas accompagnés d'avancée concrète sur le terrain. Le pape argentin n'a par ailleurs pas ménagé la classe dirigeante du pays, appelant à "favoriser des élections libres, transparentes et crédibles" face à la menace de la corruption, alors que le pays se prépare à une élection présidentielle décisive en décembre. "Que l'on ne se laisse pas manipuler, et moins encore acheter, par ceux qui veulent maintenir le pays dans la violence afin de l'exploiter et de faire des affaires honteuses", a-t-il insisté en présence du président Félix Tshisekedi, candidat à sa réélection, arrivé au pouvoir début 2019 après une élection controversée. Certaines organisations considèrent déjà le processus pour les prochaines élections très mal engagé, déplorant des velléités de main mise du pouvoir sur les instances électorales. Comparant la RDC à un "diamant", le pape a abordé un large éventail de thématiques telles que l'éducation, la protection de l'environnement, le prosélytisme religieux - allusion voilée à certaines Eglises du réveil, en plein essor - ou encore "le fléau du travail des enfants". "Trop d'entre eux meurent, soumis à des travaux asservissants dans les mines", a-t-il déploré. Comme les conditions de travail, dangereuses et indignes, et la corruption, les accusations de travail des enfants pèsent sur l'exploitation artisanale de minerais comme le très recherché cobalt, dont la RDC assure quelque 70% de la production mondiale.
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